Les militaires jugés pour "complot" affirment avoir été torturés au Burkina

Colonel Sidangaré, le nouveau directeur de la justice militaire, en charge du dossier de l'assassinat de Thomas Sankara et du procès de leaders du putsch manqué. (VOA/Bagassi Koura)

Une vingtaine de soldats burkinabè jugés pour "complot militaire" ont dénoncé samedi devant le tribunal militaire de Ouagadougou des "traitements inhumains" et des "tortures" exercés pour leur extirper des aveux.

La quasi-totalité des militaires ont affirmé à la barre avoir subi "bastonnade, ligotage, humiliation, insultes et privation de nourriture" au camp de la gendarmerie nationale après leur arrestation, suite à l'attaque d'un dépôt d'armes en janvier 2016 pour laquelle ils sont jugés depuis mardi.

"Lors de mon arrestation le 25 janvier 2016, des éléments de la gendarmerie m'ont maltraité de 14h00 à 16h00. J'ai été battu avec une corde mouillée, menacé à l'aide d'un P.A (pistolet automatique), menotté et suspendu à une table pour me contraindre à parler", a relaté le sergent Ollo Stanislas Poda.

Comme lui, la plupart des militaires poursuivis pour "complot militaire" ont énuméré "sévices corporels" et "traitements inhumains".

"Si vous arrêtez quelqu'un comme mon client le 21 janvier 2016 et finalement c'est le 16 mars, soit 52 jours plus tard, que vous le présenter à un juge d'instruction et dans l'intervalle il a été détenu, nous nous posons la question de savoir qu'est-ce qu'on a fait de lui durant tout ce temps", a déclaré Issouf Kabré, avocat du soldat Kam Ollo Bienvenu.

La défense a appelé à "faire la lumière sur les pratiques" durant l'enquête.

Ces militaires, dont une dizaine de membres de l'ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l'ancienne garde prétorienne du président déchu Blaise Compaoré (1987-2014), sont également accusés d'avoir procédé à "l'enlèvement de matériel militaire par suite d'effraction".

Ces armements devaient servir, selon l'arrêt de renvoi, à l'attaque de la prison militaire de Ouagadougou pour libérer le général Gilbert Diendéré, l'ex-chef du RSP, ainsi que d'autres militaires, du régiment ou non, incarcérés pour leur implication présumée dans le putsch manqué de septembre 2015.

Fort de quelque 1.300 hommes, le RSP, unité d'élite de l'armée burkinabè, était la garde prétorienne du président Blaise Compaoré, chassé par la rue fin octobre 2014 après 27 ans au pouvoir.

Le RSP a été dissous pour avoir tenté le 17 septembre 2015, sous la direction du général Diendéré, un coup d'État contre le gouvernement de transition mis en place après la chute de M. Compaoré.

Mi-janvier, 19 membres du RSP, qui avaient projeté de libérer des collègues emprisonnés après le putsch raté, ont écopé de jusqu'à 15 ans de prison ferme.

Avec AFP