Les quartiers dits résidentiels, "Bastos, Koweït City, complexe Beac...", n'échappent pas à ce nouveau décor qui rappelle celui des années 1990.
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Quand - au plus fort de la crise économique - le gouvernement camerounais ne parvenait plus à honorer ses engagements vis-à-vis de ses partenaires, la société en charge de la collecte des ordures ménagères a fermé ses portes, laissant les villes camerounaises dans la puanteur.
Les images de tas d'ordures de ces derniers jours à Yaoundé sont certes sans commune mesure avec celles d'antan, mais elles exaspèrent les habitants.
Au quartier Tropicana, sur l'unique axe routier qui conduit vers l'aéroport international de Yaoundé Nsimalen, les ordures trainent à quelques mètres de la chaussée.
Faute de bacs à ordures, déverser les ordures à même le sol est devenu un réflexe pour les populations désemparées. À l'intérieur des quartiers, le phénomène est encore plus accentué.
"Quitter chaque jour pour venir jeter les ordures à la décharge du quartier est pénible. Le comble est que, les ordures s'entassent. On n'est pas censé venir jusqu'ici. C'est le travail des services d'hygiène comme Europe", déplore le jeune Roger, habitant du lieu-dit derrière l'office du baccalauréat.
Le service d'hygiène et salubrité n'est plus passé depuis le mois de février 2016. Un jeune, Stéphane, a pris la résolution de dégager la ruelle déjà obstruée par les ordures.
"Si je ne faisais pas, l'accès au quartier serait quasi impossible pour les habitants. J'ai informé le responsable du ramassage des ordures de notre secteur, mais il ne réagit pas", explique-t-il, pelle en main.
Jean-Claude ne cache pas son irritation contre la société au sujet des ordures ménagères à Yaoundé. Il fustige les méthodes de Hysacam, la société d'hygiène et salubrité du Cameroun dans son quartier.
"Vous voyez ces deux petits bacs à ordures en plastique, ils sont normalement destinés pour un immeuble d'habitation de trois ou quatre appartements. Mais Hysacam vient les installer à l'entrée d'un quartier aussi peuplé comme le nôtre. C'est absurde", déclare t-il.
Au marché central de Yaoundé, l'un des plus fréquentés de la capitale, les commerçants ont résolu d'embaucher des jeunes qui nettoient les lieux chaque soir, explique un commerçant.
Il déplore par exemple " l'éloignement des bacs à ordures du marché". Un seul est disposé pour un marché de plus de mille personnes, constate-t-il.
Comme dans son quartier, le problème des ordures ménagères est le même. L'expérience qu'il a vécu le rend un peu nerveux.
"J'ai habité à Mimboman Don Bosco", pendant trois semaines, c'était grave. Les ordures ont traîné pendant trois semaines, empêchant aux piétons de bien circuler ", précise-t-il.
Accusée, la société d'hygiène et salubrité, pointe du doigt l'incivisme des populations.
"Les populations volent nos bacs à ordures en plastique et ceux qui sont en fer, sont découpés par des individus dans les quartiers", explique Pascal Nga, membre de la cellule de communication de la société Hysacam.
M Nga ajoute que, "les embouteillages ont ces derniers temps ralentis la collecte des ordures ménagères à Yaoundé".
Il poursuit : "il nous manquait les lieux de transfert des ordures. Nous avons deux désormais qui nous ont concedé par la communauté urbaine de Yaoundé. A partir de ces sites de transfert, nos équipes peuvent se mobiliser la nuit pour ramasser les ordures entassées ici et les déverser à la décharge de Nkolfoulou", a confié la société à VOA Afrique par téléphone.
En coulisses, des sources anonymes révèlent que le contrat de la société Hysacam avec le gouvernement camerounais, via la communauté urbaine de Yaoundé, prend fin en juin prochain. Sera-t-il reconduit ?
Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé