Les Ougandais élisent leur président et leurs députés, sans les observateurs américains

Un homme dépose son bulletin de vote alors que des personnes qui n'ont pas pu voter le premier jour du scrutin font la queue devant les bureaux de vote dans le district de Wakiso, en Ouganda, le 19 février 2016.

En Ouganda, 18 millions d'électeurs sont attendus aux urnes pour un double scrutin. La présidentielle, qui s’annonce tendue, oppose le président sortant Yoweri Museveni, 76 ans, dont 35 au pouvoir, à Bobi Wine, 38 ans, chanteur et député à l'ascension politique fulgurante.

La campagne électorale, particulièrement violente, émaillée d'arrestations, d'émeutes et de plusieurs dizaines de morts, s'est achevée mardi par la suspension jusqu'à nouvel ordre des réseaux sociaux et des services de messagerie dans tout le pays.

Les quelque 34.600 bureaux de vote resteront ouverts entre 07H00 et 16H00, heure locale.

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Ceria Makumbi est une femme d'affaires de 52 ans qui habite dans le quartier de Njovua à Kampala. Elle estime que M. Museveni devrait être reconduit à la tête de son pays.

"Museveni est mon candidat. Il a apporté la stabilité au pays, il a lancé l'école primaire et l'enseignement universitaire gratuit (...). Il a construit des hôpitaux, des routes", confie-t-elle à l'AFP.

Joseph Nsuduga, qui vit dans le bidonville de Kamwokya, place forte de M. Wine, ne partage pas l'avis de sa compatriote. Il rêve d'alternance. "Je suis ici pour changer les dirigeants de ce pays car pendant des années, ils ont dit qu'ils allaient garantir mon avenir. Mais ils ne l'ont pas fait. J'ai besoin de voir du changement pour mes enfants", explique ce chauffeur de 30 ans.

Duel Museveni-Wine

La présidentielle oppose une dizaine de candidats. L'opposition, orpheline du vétéran Kizza Besigye, qui n'a pas souhaité concourir après quatre tentatives et autant de défaites face à M. Museveni, candidat du Mouvement de résistance nationale (NRM), le parti au pouvoir.

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Toutefois, le duel qui semble s’imposer implique Yoweri Museveni et Bobi Wine.

M. Museveni est un ancien guérillero au pouvoir depuis 1986. Il s’intéresse beaucoup plus à un électorat rural et âgé.

M. Wine, est un un chanteur célèbre élu député en 2017. Malgré son jeune âge, il s'est imposé au sein d'une opposition divisée comme le principal adversaire du président. Il est populaire au sein de la jeunesse, notamment urbaine, une population significative dans un pays où l'âge médian est inférieur à 16 ans.

Mardi, dernier jour de la campagne, M. Wine ainsi que deux autres candidats, Patrick Amuriat et Mugisha Muntu, ont appelé les Ougandais à voter massivement et à "protéger leur vote" en surveillant le scrutin.

"Nous vous encourageons à utiliser vos téléphones, vos caméras. Votre téléphone est une arme très puissante", a encouragé Bobi Wine.

Doutes sur la transparence du scrutin

Des craintes ont émergé quant à l'équité et la transparence du scrutin au cours de cette campagne plus violente que les précédentes, et où des journalistes, des critiques du pouvoir et des observateurs ont été empêchés de travailler.

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L'ambassadrice américaine en Ouganda, Natalie Brown, a annoncé mercredi que les Etats-Unis annulaient une mission d'observation prévue pour ce vote, la majorité de leurs observateurs s'étant vu refuser une accréditation par le gouvernement.

Dans une intervention télévisée, le president sortant a d’ailleurs confirmé mercredi la suspension des réseaux sociaux et des services de messagerie, tels Facebook, Twitter, WhatsApp, Signal et Viber. Une mesure qui vise à sanctionner la fermeture par Facebook de plusieurs comptes liés au pouvoir.

Peur des violences

A Kampala, la présence militaire était très forte jeudi dans les rues. De nombreux habitants ont quitté la ville par peur de violences.

"Lors des précédentes élections, il y a toujours eu du chaos à Kampala. Je pense que cette fois, avec toute la tension qu'il y a, il devrait y avoir beaucoup de violences", a expliqué à l'AFP Charles Abigaba, un comptable de 31 ans, qui s’est rendu à Masindi, dans l’ouest pour voter mais compte y rester après l'élection, pour sa sécurité.

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