Ils étaient des dizaines à effectuer le déplacement d’Abuja pour réclamer la libération de leurs enfants détenus par des hommes armés depuis près de deux mois.
C’est le 11 mars dernier que des assaillants ont envahi l’institut forestier de Kaduna enlevant au moins 39 étudiants.
Khaida Christiana, une étudiante qui a vécu les moments forts de l’attaque, se remémore: "Quand nous avions entendu les coups de feu, presque tout le monde a fui de la salle d’auditorium pour se cacher partout où on pouvait se cacher. Il y a deux grandes salles avec une partition entre les deux. Et il y avait des chaises détruites dans l’une des salles, donc je suis allée me cacher sous ses chaises. De là j’ai appris que les bandits sont arrivés, et je pouvais entendre leurs voix".
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Benson Edeh, le père d’un étudiant en captivité, était à Abuja en compagnie d’autres parents car "le problème est que notre gouverneur ne veut pas aider".
"Il a refusé de coopérer et en plus il dit qu’il ne veut pas négocier avec les bandits je suis d’accord, mais quelles sont les démarches qu’il mène pour permettre la libération des enfants ? Rien. Rien du tout mais au contraire il nous menace", dit-il, exaspéré.
La manifestation d’Abuja fait partie d’une série de protestations des parents déjà menées à Kaduna pour obliger les autorités à négocier avec les ravisseurs.
Epete Odideh était aussi venu de Kaduna. Son fils est toujours entre les mains des hommes armés."La situation est très compliquée, c’est pourquoi nous avons décidé de venir à l’Assemblée nationale. Nous avions contribué à leur élection au parlement mais la situation du pays en ce moment nous laisse croire qu’il est difficile de voter pour quelqu’un et qui revient contre vous", a-t-il déclaré.
Trois étudiants enlevés mardi dernier dans une autre université dans le même Etat de Kaduna dans le nord-ouest du Nigéria ont été exécutés par leurs ravisseurs, un nouveau signe d'escalade de violences dans ces enlèvements de masse contre rançon.
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La manifestation d’Abuja a aussi connu la participation de certains activistes comme Omoyele Sowore, venu soutenir les parents en détresse.
"Ces étudiants qui se battent pour un avenir meilleur, ils pouvaient eux aussi devenir des kidnappeurs pour gagner de l’argent facile mais ils ont préféré aller à l’école. Mais voyez ce que fait notre gouvernement contre eux. Personnellement je sais ce que ça veut dire d’être en captivité après avoir été enlevé une fois moi même par le gouvernement", souligne-t-il.
Depuis décembre, plus de 600 élèves ont été enlevés dans des écoles du nord-ouest du Nigeria, ce qui met en évidence une évolution inquiétante de la crise des enlèvements contre rançon dans le pays.