Selon ces populations, les armes remises ne sont en effet pour la plupart que des fusils de chasse.
Nestor Ntiété, un habitant de Kinkala explique "qu'il n'y a plus de banditisme certes, mais est-ce qu'il s'agit réellement de ces armes ?"
"Et le nombre aussi, c'est insuffisant. En plus, dans les confins des villages, il faut que les gens reprennent la vie, mais avec les hommes en armes, cela va poser problème", indique-t-il.
Pour rassurer la population et lever tous ces doutes, Séraphin Ondele, président de la Commission ad hoc mixte de paix dans le Pool (CAMP), a été obligé d'ouvrir - exclusivement à VOA Afrique - son dépôt de stockage d'armes collectées : "ce que vous voyez dans les cartons et dans les sacs, ce sont les armes. Allons, je vais vous montrer un deuxième magasin. Ici, il y a aussi les fusils de chasse qu'on a mis de côté, puisque les gens en parlent. Mais là-bas, vous voyez ce qui détruit les ponts ainsi que leurs détonateurs. Derrière, là-bas, ce sont des roquettes et des grenades", commente-t-il.
Pour Séraphin Ondele, la communication a eu un effet très positif dans cette collecte d'armes.
"Au départ, les ex-combattants étaient hésitants. Là, le message est passé à plus de deux reprises, le pasteur Ntumi l'a annoncé. Et là, on est au-delà de nos prévisions, la quantité et la nature d'armes, cela dépasse largement toutes nos prévisions. Ils arrivent individuellement, de nuit comme de jour, déposent leurs armes, moyennant un kit. Cela se passe très bien, vraiment, c'est un affluent incroyable", se satisfait le président de la CAMP.
Venu librement et volontairement remettre ses deux kalachnikovs, le colonel Korombo, un chef d'écurie ninjas, déclare que pour eux, la guerre est définitivement terminée, et les armes sont effectivement rendues.
Lire aussi : Le ramassage des armes ne suffit pas dans le Pool pour les Congolais"Chez nous vraiment, c'est fini, il n'y a plus la guerre, peut-être du côté de l'armée. Notre chef est un partenaire de la paix et nous tous voulons de cette paix pour reprendre nos activités. Je suis d'abord militaire, classe 96, mais je me retrouve aujourd'hui en brousse parce que le pays est mal organisé", affirme le chef d'écurie.
Vouzas, un autre ex-combattant, après avoir déposé son arme au guichet de Kinkala, appelle le gouvernement à organiser leur réinsertion socioprofessionnelle : "pour nous et le pasteur Ntumi, la guerre est finie. Si un jour les hostilités reprenaient, ce ne serait pas de notre faute. Maintenant, il faut vite passer à la réinsertion. Cela nous permettra de commencer nos activité économiques", plaide-t-il.
Avec une arme échangée contre 100.000 voire 150.000 francs CFA, les ninjas gagnent des petites cagnottes qui leur permettent d'acheter des motos. Les autorités s'apprêtent à lancer l'identification des ex-combattants en vue de leur réintégration.