Les principaux protagonistes dans l'affaire Sarkozy

Nicolas Sarkozy et Mouammar Kadhafi écoutent les hymnes nationaux au palais Bab Azizia de Tripoli, le 25 juillet 2007.

Un intermédiaire qui accuse, des témoins-clés en mauvaise santé ou morts : l'enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle victorieuse de l'ancien président français Nicolas Sarkozy en 2007 met en scène des protagonistes aux versions contradictoires.

L'intermédiaire bavard : Ziad Takieddine​

Le Franco-Libanais Ziad Takieddine à Nanterre, le 17 novembre 2016.


Ce sulfureux homme d'affaires franco-libanais, soupçonné d'avoir été un intermédiaire, a évoqué dès 2012 un financement libyen. En novembre 2016, il affirme avoir remis entre fin 2006 et début 2007 cinq millions d'euros à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et à son directeur de cabinet Claude Guéant. Déjà poursuivi dans l'affaire Karachi (sur des soupçons de versements occultes de la campagne du candidat de droite Edouard Balladur à la présidentielle de 1995), il est également inculpé dans le dossier libyen.

'La Sarkozie'

Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy, à Les Sables d'Olonne, le 1er octobre 2016.

L'ancien président de la République a été placé en garde à vue. Interrogé en novembre 2016, sur les accusations de M. Takieddine, qu'il a toujours démenties, il avait parlé "d'indignité" et reproché au journaliste lui posant la question de "donner crédit" à la parole de cet intermédiaire.

>> Lire aussi : Nicolas Sarkozy en garde à vue dans l'enquête sur des soupçons de financement libyen

Claude Guéant

Claude Guéant à Sofia, le 18 avril 2011.

L'ex-secrétaire général de l'Elysée, homme de confiance de Nicolas Sarkozy, a reçu un virement de 500.000 euros en mars 2008, en provenance d'une société d'un avocat malaisien, et déclaré qu'il s'agissait du fruit de la vente de deux tableaux, sans convaincre les juges. Ces derniers l'ont mis en examen (inculpé) notamment pour "blanchiment de fraude fiscale en bande organisée".

Brice Hortefeux

Brice Hortefeux à Paris, le 21 mai 2014.

Ex-ministre de l'Intérieur, il a été entendu en audition libre. Selon un document révélé par le site d'information Mediapart, il a participé le 6 octobre 2006 à une réunion au cours de laquelle aurait été acté le principe du financement libyen, en présence d'Abdallah Senoussi, directeur des services de renseignements, Bachir Saleh, argentier du régime, et de Ziad Takieddine.

Eric Woerth

Eric Woerth, à Paris, le 30 janvier 2018.

Trésorier de la campagne de 2007, il a reconnu devant les enquêteurs que de l'argent liquide avait circulé au sein de l'équipe de Nicolas Sarkozy et en a attribué l'origine à des dons anonymes reçus par courrier. D'autres témoignages contredisent cette hypothèse, dont celui d'une salariée qui assure n'avoir jamais vu arriver d'enveloppes contenant de l'argent liquide.

Les témoins-clés à l'hôpital

Bachir Saleh

Ex-directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, il s'est réfugié en France après la chute de l'ancien dictateur libyen avant de fuir à nouveau après la publication par Mediapart de la note sur le financement et le lancement d'une notice rouge par Interpol. Actuellement en exil, il a été blessé par balles en Afrique du Sud fin février. Quand les juges se sont déplacés en avril 2017 pour interroger ce personnage-clé, ce dernier a exercé son droit au silence.

Alexandre Djouhri

Le Franco-Algérien Alexandre Djouhri, à Londres, le 13 janvier 2018.

Cet homme d'affaires a vu son nom apparaître notamment lors de la vente suspecte en 2009 d'une villa située à Mougins, sur la Côte d'Azur, à un fonds libyen.

Il est soupçonné d'en avoir été, derrière plusieurs prêtes-noms, le véritable propriétaire et de l'avoir cédée à un prix surévalué, ce qui aurait pu permettre de dissimuler d'éventuels versements occultes. Après avoir refusé de répondre aux convocations des juges, il a été arrêté à Londres en janvier.

Souffrant de problèmes cardiaques, il est actuellement à l'hôpital et saura s'il est extradé vers la France en juillet.

Les morts

Mouammar Kadhafi

Mouammar Kadhafi, à Paris, le 12 décembre 2007.

L'ancien dictateur libyen, tué en 2011, a un temps entretenu des relations diplomatiques avec le président Sarkozy, après avoir été mis au ban de la communauté internationale. Reçu à l'Elysée en 2007, il avait qualifié son "ami" Sarkozy de "fou" lorsque Paris a reconnu l'opposition libyenne en 2011.

Son fils, Seif al-Islam, avait affirmé sur Euronews que la Libye avait financé la campagne de M. Sarkozy, sans fournir de preuves.

>> Lire aussi : Saif al-Islam Kadhafi veut se présenter à l’élection présidentielle en Libye

Choukri Ghanem

Choukri Ghanem, à Riyad, le 17 novembre 2007.

​Ex-ministre du Pétrole de la Libye, il a été retrouvé noyé dans le Danube en 2012.

Les juges ont toutefois obtenu des carnets dans lesquels il mentionne trois paiements en avril 2007 destinés à Nicolas Sarkozy, pour au moins 6,5 millions d'euros.