Le HCR déplore la frilosité des engagements sur l'accueil des réfugiés passés par la Libye

Migrants subsahariens à bord du navire de sauvetage de l'ONG espagnole Proactiva Open Arms, au port de Pozzallo, en Sicile, en Italie le 19 janvier 2018.

Cinq mois après son appel à la communauté internationale, le HCR peine à obtenir des engagements chiffrés pour l'accueil des réfugiés ayant transité par la Libye, les places promises n'atteignant même pas la moitié du quota demandé.

"Sur les 40.000 places demandées, environ 16.900 nous ont été promises, dont 7.000 par les pays européens", a affirmé l'envoyé spécial du HCR (Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies) pour la Méditerranée centrale, Vincent Cochetel, pour qui "ce n'est pas assez".

"Il n'y a pas eu beaucoup de solidarité avec l'Italie, on aimerait en voir avec le Niger et les autres pays de transit, sinon le système ne va pas tenir", a-t-il mis en garde.

En septembre, le HCR avait demandé que la communauté internationale s'engage sur 40.000 places supplémentaires pour les réfugiés présents dans 15 pays prioritaires le long de la route de la Méditerranée centrale.

Des milliers de réfugiés y vivent dans des camps, dans l'espoir d'une éventuelle "réinstallation" -- dispositif consistant pour les pays d'accueil à venir sur place pour sélectionner les personnes qu'elles accueilleront au titre de l'asile.

La France s'est engagée à réinstaller 3.000 personnes depuis le Tchad et le Niger d'ici fin 2019. Les autres États préfèrent rester discrets, dans un contexte d'incertitudes politiques peu propice aux annonces publiques. "Les engagements d'un certain nombre de pays ne pourront être clarifiés qu'à l'issue de discussions sur la formation de coalitions politiques", a reconnu M. Cochetel.

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Alors que les pays européens cherchent à couper la route de la Libye, le responsable du HCR a averti qu'"il n'y aura pas d'arrêt des départs tant qu'on n'aura pas d'État" dans ce pays. Depuis le début de l'année, 2.380 personnes sont arrivées en Italie via la Libye et 2.000 ont traversé la Méditerranée en passant par le détroit de Gibraltar.

Mais pour M. Cochetel, "c'est une erreur de juger l'efficacité des mesures migratoires sur les seuls indicateurs des interceptions en mer. Il faut voir ce qui se passe en amont. Il n'y a pas d'amélioration de la situation dans les centres de détention".

Le HCR chiffre à 3.119 le nombre des morts en mer en 2017, et 188 depuis le début de l'année. Mais "ces chiffres ne sont que la face visible de l'iceberg car le nombre de disparus sur la route passant par la Libye est sans doute bien supérieur", a-t-il estimé.

Avec AFP