"A Tripoli, chaque jour, il fallait fuir !" C’est ainsi que Sama Tounkara se remémore son expérience libyenne. Ce jeune Malien de 23 ans a ainsi dû travailler gratuitement dans un camp militaire sous la contrainte d’une arme.
Un moindre mal comparé au calvaire imposé à la majorité des migrants. Les personnes interrogées au cours de notre enquête ont toutes décrit à VOA Afrique les mêmes abus, tortures et privations de liberté
Selon Federico Soda, de l’Organisation internationale pour les migrations, "la plupart des migrants sont mal informés et n’ont pas conscience du danger de la situation en Libye. Ils ne savent pas non plus que les passeurs sont de plus en plus violents", explique-t-il à VOA Afrique.
"Les témoignages sont horribles. Pour les femmes, les abus sexuels sont communs", déplore le coordinateur de l'OIM pour la Méditerranée à Rome.
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Depuis Milan, Abdallah Arku raconte ainsi son douloureux périple dans le désert libyen. Ce Soudanais de 32 ans se souvient ainsi des sept personnes qui ont trouvé la mort par manque d’eau et de nourriture. Comme ses compagnons d’infortune, il a été battu et emprisonné à Al-Dabia, Beni Walid puis Tripoli.
De nombreux groupes opèrent en Libye, un Etat en faillite depuis la chute du colonel Kadhafi. Les migrants rencontrés par VOA Afrique expliquent avoir été contrôlés par des Libyens, des Tchadiens, des Soudanais et même des éléments se réclamant du groupe l’Etat islamique.
Mouammar Kadhafi avait promis aux Occidentaux que des vagues de migrants s’abattraient sur l’Europe après sa chute. L’histoire semble donner raison au Guide libyen. Il faut rappeler que jusqu’en 2011, la Libye, pays pétrolier, attirait et employait une grande main d’œuvre étrangère notamment subsaharienne. Les migrants économiques n’y trouvent aujourd’hui plus de travail. Ils n’ont d’autre choix que de fuir et traverser la Méditerranée.
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