"Entre janvier et mars 2018, des dizaines de manifestations ont eu lieu dans les principales villes du pays pour protester contre les mesures d'austérité et leurs conséquences", note ce rapport intitulé "Budgets en chute, répression en hausse".
Il note que "dans tous les cas sauf un, les forces de sécurité ont eu recours à des gaz lacrymogènes pour disperser la foule et ont frappé des manifestants, faisant plusieurs dizaines de blessés".
Si Amnesty reconnaît "la présence de quelques participants violents" à ces manifestations, l'ONG de défense des droits de l'homme estime néanmoins qu'elle "ne constitue pas une raison légitime de disperser un rassemblement".
"Au moins 150 personnes, dont des étudiants, ont été arrêtées sur diverses accusations allant de la rébellion à l'attroupement illégal en passant par le trouble à l’ordre public", affirme-t-elle.
Amnesty rappelle en outre que "depuis la mi-mars 2018, l'accès à certains réseaux sociaux est limité".
Une employée d'Airtel, société privée de télécommunication, a indiqué "que les restrictions d'accès à WhatsApp et à Facebook avaient été ordonnées par les autorités tchadiennes, contrairement aux affirmations du gouvernement selon lesquelles il s'agissait très probablement d'un problème technique", selon le rapport.
Il affirme qu'il est "urgent que des réformes importantes soient engagées avant (...) les élections législatives" prévues en novembre.
"L'objectif doit être de garantir à la population la possibilité de s'exprimer librement et sans crainte et de jouir pleinement de ses droits à des moyens de subsistance, à la santé et à l'éducation", écrit Amnesty.
Parmi ces réformes et mesures, il convient d'autoriser "immédiatement l'accès à tous les sites Internet actuellement bloqués (...) ne pas interdire les manifestations pacifiques, ni arrêter et emprisonner de manière arbitraire les personnes qui ne font qu'exercer leurs droits à la liberté d'expression".
Amnesty recommande également "d'évaluer de toute urgence l'impact en matière de droits humains des coupes budgétaires et des mesures d'austérité", ainsi que "du gel des embauches et des augmentations d'impôts sur les droits à la santé et à l'éducation au Tchad".
Depuis 2015, le Tchad est en proie à une grave crise économique, principalement liée à la forte baisse des cours du pétrole brut "et exacerbée par le manque de diversification économique", selon Amnesty.
Pour y faire face, le gouvernement a mis en place de sévères mesures d'austérité et a obtenu des aides financières internationales.
Avec AFP