La ministre de la Santé l’a qualifiée de «grande avancée pour le Sénégal», mais pour le président de la Ligue sénégalaise contre le tabac, il y a encore des lacunes à combler.
L’Assemblée nationale sénégalaise a adopté vendredi, à l'unanimité, une loi anti-tabac interdisant de fumer dans les espaces publics, prohibant la vente de tabac à proximité des établissements scolaires et interdisant aussi toute publicité autour des produits du tabac.
La législation doit encore être promulguée par le président Macky Sall. La ministre de la Santé, Awa Marie Coll Seck, n’a pas hésité de la qualifier de «grande avancée pour le Sénégal». Avis partagé par les ONG anti-tabac qui déplorent, toutefois, l’article prévoyant l’aménagement des zones fumeurs. Jacques Aristide a recueilli la réaction du Dr Abdoul Aziz Kassé, président de la Ligue sénégalaise contre le Tabac (LISTAB) :
Les zones réservées aux fumeurs sont « une source de bataille à continuer pour éviter que les fumeurs n’enfument des non-fumeurs et ne tuent leur femme, leurs enfants, leurs collègues de travail, et leurs contacts », a renchéri Dr Kassé.
La ministre Seck a salué le vote, affirmant que le tabagisme était une véritable menace qui devait être combattue. «En votant ce projet de loi à l'unanimité, les députés ont aidé le Sénégal à protéger une population vulnérable», a-t-elle déclaré à la presse.
Plusieurs députés et ONG anti-tabac avaient même réclamé que la cigarette soit tout bonnement prohibée partout.
Quelques jours avant le vote, la LISTAB avait appelé le gouvernement à adopter «une loi anti-tabac avec des espaces 100% non-fumeurs».
«Le point qui pose actuellement problème dans la loi anti-tabac, c’est le fait d’aménager des espaces fumeurs dans les lieux publics, mais cela affaiblit la loi», avait fait savoir Djibril Wélé, secrétaire général de la LISTAB.
«Le Sénégal n'a pas les moyens de mettre en place de telles zones non-fumeurs. Un projet de loi 100% anti-tabac [soit l'interdiction pure et simple de fumer] serait plus approprié», avait souligné le vice-président de la LISTAB, Amadou Moustapha Gaye.
«La loi empiète sur les libertés individuelles»
La loi a, toutefois, suscité un débat houleux au sein de la communauté de fumeurs dans ce pays ouest-africain, certains acceptant les interdictions imposées par la législation et d’autres critiquant vertement le texte parce qu’il empiète sur les libertés individuelles. La cigarette, selon eux, est une question de choix personnel.
La loi prévoit des amendes allant jusqu'à $ 100 si on enfreint l’interdiction de fumer en public et plus de $ 400.000 si on viole l’interdiction autour de la publicité, interdiction qui s'applique aussi aux événements culturels et sportifs.
Les groupes anti-tabac mettent en garde contre une crise de santé publique qui se profile à l’horizon, selon eux, à l’heure où les compagnies de tabac ciblent l'Afrique comme un marché en pleine croissance alors qu’elles perdent du terrain ailleurs dans le monde.
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le tabac tue la moitié de ceux qui en consomment.
«L'épidémie de tabagisme tue près de 6 millions de personnes chaque année. Plus de 5 millions d'entre elles sont des consommateurs ou d'anciens consommateurs, et plus de 600 000, des non-fumeurs involontairement exposés à la fumée. Si aucune mesure n'est prise d'urgence, le nombre annuel de ces décès pourrait atteindre plus de 8 millions d'ici à 2030. Plus de 80% du milliard de fumeurs dans le monde vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Même si elle baisse dans certains pays à revenu élevé ou à revenu intermédiaire supérieur, la consommation totale de produits du tabac augmente au niveau mondial », écrit l’OMS sur son site relatif aux principaux faits concernant le tabagisme.
Pour sa part, l'American Cancer Society note dans un document «qu’entre 1999 et 2009, la consommation de cigarettes a augmenté de 57% en Afrique et au Moyen-Orient». Au Sénégal, le nombre des jeunes fumeurs s’est accru par un taux de 12%, selon la même ONG.
Le Sénégal a ainsi emboité le pas à d'autres pays de la région, dont le Libéria et le Ghana qui ont interdit de fumer en public, même si l'application de chacune de leur loi laisse à désirer.
La législation doit encore être promulguée par le président Macky Sall. La ministre de la Santé, Awa Marie Coll Seck, n’a pas hésité de la qualifier de «grande avancée pour le Sénégal». Avis partagé par les ONG anti-tabac qui déplorent, toutefois, l’article prévoyant l’aménagement des zones fumeurs. Jacques Aristide a recueilli la réaction du Dr Abdoul Aziz Kassé, président de la Ligue sénégalaise contre le Tabac (LISTAB) :
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En votant ce projet de loi à l'unanimité, les députés ont aidé le Sénégal à protéger une population vulnérableAwa Marie Coll Seck, ministre de la Santé du Sénégal
Les zones réservées aux fumeurs sont « une source de bataille à continuer pour éviter que les fumeurs n’enfument des non-fumeurs et ne tuent leur femme, leurs enfants, leurs collègues de travail, et leurs contacts », a renchéri Dr Kassé.
La ministre Seck a salué le vote, affirmant que le tabagisme était une véritable menace qui devait être combattue. «En votant ce projet de loi à l'unanimité, les députés ont aidé le Sénégal à protéger une population vulnérable», a-t-elle déclaré à la presse.
Plusieurs députés et ONG anti-tabac avaient même réclamé que la cigarette soit tout bonnement prohibée partout.
Quelques jours avant le vote, la LISTAB avait appelé le gouvernement à adopter «une loi anti-tabac avec des espaces 100% non-fumeurs».
«Le point qui pose actuellement problème dans la loi anti-tabac, c’est le fait d’aménager des espaces fumeurs dans les lieux publics, mais cela affaiblit la loi», avait fait savoir Djibril Wélé, secrétaire général de la LISTAB.
«Le Sénégal n'a pas les moyens de mettre en place de telles zones non-fumeurs. Un projet de loi 100% anti-tabac [soit l'interdiction pure et simple de fumer] serait plus approprié», avait souligné le vice-président de la LISTAB, Amadou Moustapha Gaye.
«La loi empiète sur les libertés individuelles»
La loi a, toutefois, suscité un débat houleux au sein de la communauté de fumeurs dans ce pays ouest-africain, certains acceptant les interdictions imposées par la législation et d’autres critiquant vertement le texte parce qu’il empiète sur les libertés individuelles. La cigarette, selon eux, est une question de choix personnel.
La loi prévoit des amendes allant jusqu'à $ 100 si on enfreint l’interdiction de fumer en public et plus de $ 400.000 si on viole l’interdiction autour de la publicité, interdiction qui s'applique aussi aux événements culturels et sportifs.
Les groupes anti-tabac mettent en garde contre une crise de santé publique qui se profile à l’horizon, selon eux, à l’heure où les compagnies de tabac ciblent l'Afrique comme un marché en pleine croissance alors qu’elles perdent du terrain ailleurs dans le monde.
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le tabac tue la moitié de ceux qui en consomment.
«L'épidémie de tabagisme tue près de 6 millions de personnes chaque année. Plus de 5 millions d'entre elles sont des consommateurs ou d'anciens consommateurs, et plus de 600 000, des non-fumeurs involontairement exposés à la fumée. Si aucune mesure n'est prise d'urgence, le nombre annuel de ces décès pourrait atteindre plus de 8 millions d'ici à 2030. Plus de 80% du milliard de fumeurs dans le monde vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Même si elle baisse dans certains pays à revenu élevé ou à revenu intermédiaire supérieur, la consommation totale de produits du tabac augmente au niveau mondial », écrit l’OMS sur son site relatif aux principaux faits concernant le tabagisme.
Pour sa part, l'American Cancer Society note dans un document «qu’entre 1999 et 2009, la consommation de cigarettes a augmenté de 57% en Afrique et au Moyen-Orient». Au Sénégal, le nombre des jeunes fumeurs s’est accru par un taux de 12%, selon la même ONG.
Le Sénégal a ainsi emboité le pas à d'autres pays de la région, dont le Libéria et le Ghana qui ont interdit de fumer en public, même si l'application de chacune de leur loi laisse à désirer.
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