Législatives au Zimbabwe : la plupart des opposants interdits de se présenter

Un tribunal de Harare a ordonné que les noms de 8 des 9 représentants de la Coalition des citoyens pour le changement ne soient pas "inclus sur les bulletins de vote".

La quasi totalité des candidats de l'opposition aux élections législatives partielles prévues samedi au Zimbabwe, qui pourraient ouvrir la voie à une majorité des deux tiers au Parlement pour le parti au pouvoir, ont été interdits jeudi par la justice de se présenter.

Un tribunal de Harare a ordonné, dans une décision dont l'AFP a eu copie, que 8 sur 9 représentants du premier parti d'opposition, la Coalition des citoyens pour le changement (CCC), ne soient "pas candidats aux élections partielles prévues le 9 décembre" et que leurs noms ne soient pas "inclus sur les bulletins de vote".

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Cette décision intervient dans un contexte politique tendu dans le pays d'Afrique australe, l'opposition dénonçant régulièrement une violente répression menée par le pouvoir, par le biais d'arrestations abusives d'opposants et enlèvements accompagnés d'actes de torture. La CCC a déjà indiqué avoir fait appel de la décision de justice annoncée à deux jours du scrutin: "Les tribunaux du Zimbabwe ont cessé d'être un arbitre juste et neutre", a fustigé le porte-parole du parti, Promise Mkwananzi.

Les Zimbabwéens sont appelés à se rendre aux urnes samedi. Le pays a tenu en août des élections générales contestées, qui ont abouti à la réélection du président Emmerson Mnangagwa, 81 ans, et l'octroi de 177 sièges sur 280 au Parlement pour son parti, la Zanu-P, au pouvoir depuis l'indépendance en 1980.

En octobre, 14 députés de la CCC ont perdu leur siège, après la réussite d'un stratagème mis au point par un homme qualifié par le CCC d'"imposteur", ce qui a conduit à l'organisation d'élections partielles dans 9 circonscriptions. Un certain Sengezo Tshabangu, se présentant comme le "secrétaire général par intérim" de la CCC, avait déclaré dans une lettre adressée au Parlement que les députés en question avaient quitté le parti.

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Le dirigeant de la CCC, Nelson Chamisa, avait demandé au président de l'Assemblée de ne pas tenir compte de cette lettre, attestant que le parti n'avait pas de secrétaire général et qu'il n'avait ni expulsé, ni rappelé de députés. Mais le Parlement a néanmoins déclaré auprès de la commission électorale les sièges vacants. Le même Sengezo Tshabangu avait saisi la justice pour réclamer que les députés déchus ne puissent pas se représenter aux élections partielles de samedi.

Contacté par l'AFP, le président de la commission électorale, Rodney Kiwa, a déclaré que celle-ci devra "se conformer" à la dernière décision de justice. Le Zanu-PF n'a besoin que de 10 sièges supplémentaires pour obtenir la majorité des deux tiers au Parlement et pouvoir modifier librement la Constitution.