Macky Sall établit un lien entre les groupes terroristes et le changement climatique

Le président du Sénégal Macky Sall parle lors de la dernière conférence de presse conjointe avec le Premier ministre maltais Joseph Muscat et le Président du Conseil européen, Donald Tusk (non visibles) après la deuxième journée du Sommet de La Valette sur

Le président sénégalais a participé vendredi à la signature de l'accord de Paris sur le climat. Il a, dans un entretien avec l’AFP, relevé la situation du Sahel où des groupes terroristes essaiment et occupent les espaces de vie autour du lac Tchad et du fleuve Niger.

Macky Sall a souligné le lien entre les effets néfastes du changement climatique et la sécurité, en particulier la menace jihadiste dans la région du Sahel.

"Le réchauffement climatique aggrave la baisse des cours d'eau (...) et lorsque l'eau se raréfie il y a moins de surfaces cultivables et les conflits naissent", a-t-il expliqué dans un entretien accordé vendredi à l'AFP à l'occasion de la signature à l'ONU de l'accord de Paris sur le climat.

"Dans le Sahel, des groupes terroristes essaiment et occupent les espaces de vie autour du lac Tchad et du fleuve Niger, donc on voit bien l'interaction climat-sécurité-terrorisme, tout est lié en vérité".

Le groupe islamiste armé nigérian Boko Haram notamment sévit dans la région du lac Tchad, en voie d'assèchement.

M. Sall venait de présider une réunion informelle inédite du Conseil de sécurité des Nations unies sur les relations entre ressources en eau et sécurité. Cette réunion élargie a duré trois heures et une vingtaine de pays se sont exprimés.

"L'eau est une source de vie, une opportunité de développement et de partenariat mais si on n'y prend pas garde, l'eau peut être une source de conflits et d'instabilité", en particulier dans les bassins fluviaux partagés, a-t-il souligné.

Il a estimé que la signature de l'accord de Paris par 175 pays vendredi au siège de l'ONU constituait "un excellent départ pour l'accord et pour l'humanité".

"Il s'agit maintenant de (le) ratifier dans les meilleurs délais", ce que le Sénégal fera dès la fin juin, et "de faire en sorte (...) que le principe du pollueur-payeur soit appliqué", a-t-il déclaré.

Guantanamo 'heurte les consciences'

Quant aux financements promis à l'Afrique, en particulier pour l'électrification propre du continent, "si j'en juge par la volonté exprimée (vendredi à New York) il y a des raisons d'espérer que cette fois-ci nous allons dépasser les procédures très longues et inefficaces pour arriver au respect des engagements", a-t-il estimé.

Plus de 600 millions d'Africains n'ont pas accès à l'électricité et l'accord de Paris prévoit un fonds vert qui doit atteindre 100 milliards de dollars par an en 2020 pour aider les pays en développement à s'adapter au réchauffement climatique et développer des énergies propres.

Le président a sur un tout autre sujet justifié la décision récente du Sénégal d'accueillir deux Libyens libérés de Guantanamo par des "raisons humanitaires".

Il fallait "accompagner l'initiative du président (américain Barack) Obama de fermer Guantanamo", une prison "qui heurte les consciences".

"Nous les avons pris parce ce sont des Africains et des musulmans, pour des raisons humanitaires", a-t-il expliqué. Mais le Sénégal a pris ses précautions en "analysant leur dossier pendant un an", a-t-il souligné.

Deux Libyens qui étaient détenus à la prison américaine de Guantanamo ont été transférés au Sénégal début avril.

Après ce transfèrement, il reste moins de 90 détenus dans la prison controversée qui en a accueilli jusqu'à près de 800, détenus pour beaucoup d'entre eux sans procès.

Le Sénégal a rejoint ainsi 26 pays tiers qui, depuis 2009, ont accepté d'accueillir au total près d'une centaine d'anciens détenus de Guantanamo.

Avec AFP