Macron annonce une loi contre les "fake news" en France

Le président français Emmanuel Macron au Château de La Celle à La Celle-Saint-Cloud, à l'ouest de Paris,

Marqué par ses démêlés avec des médias russes, le président français Emmanuel Macron veut s'attaquer aux "fake news" qui circulent sur internet en période électorale avec une loi qui obligera les plateformes à faire preuve de davantage de transparence.

"Nous allons faire évoluer notre dispositif juridique pour protéger la vie démocratique de ces fausses nouvelles", a déclaré le chef de l'Etat mercredi lors de ses voeux à la presse.

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Dans une allusion voilée aux médias russes RT et Sputnik, qu'il avait fustigés en mai, le chef de l'Etat a dénoncé "cette propagande articulée avec des milliers de compte sur les réseaux sociaux" qui "en un instant répandent partout dans le monde, dans toutes les langues, des bobards inventés pour salir un responsable politique, une personnalité, une figure publique, un journaliste".

M. Macron a également annoncé que les pouvoirs de l'autorité de régulation de l'audiovisuel allaient être "accrus pour lutter contre toute tentative de déstabilisation par des services de télévision contrôlés ou influencés par des Etats étrangers".

Peu après son élection en mai, le président avait accusé, lors d'une conférence de presse avec son homologue russe Vladimir Poutine, la chaîne d'infos en continu RT et l'agence de presse publique Sputnik, qui disposent tous deux de sites d'information en français, d'avoir diffusé "des contre-vérités infamantes" et de la "propagande mensongère".

RT, considérée par Washington comme un organe de propagande pro-Kremlin, a depuis lancé, en décembre, sa chaîne de télévision en français dans la méfiance générale.

Des milliers de documents internes de l'entourage du candidat Macron avaient également été publiés sur les réseaux sociaux, une opération dénoncée comme une tentative de "déstabilisation démocratique, comme cela s'est déjà vu aux Etats-Unis pendant la dernière campagne présidentielle".

- 'Transparence accrue' -

Depuis les révélations sur la campagne électorale américaine de 2016, que la Russie est accusée d'avoir voulu influencer en faveur de Donald Trump, la question préoccupe l'ensemble des pays de l'Union européenne.

Les scrutins l'année dernière au Royaume-Uni et en Allemagne avaient ainsi été placés sous haute surveillance, notamment à Berlin, persuadé que la Russie a voulu déstabiliser la chancelière Angela Merkel.

Dernièrement, les ministres espagnols des Affaires étrangères et de la Défense ont alerté lors d'une réunion avec leurs homologues de l'UE sur des "désinformations" sur internet concernant la crise catalane, originaires selon eux du "territoire russe".

La France ne sera pas le premier pays à légiférer contre les "fake news": l'Allemagne a adopté une loi permettant d'imposer de fortes amendes (jusqu'à 50 millions d'euros) aux réseaux sociaux s'ils ne retirent pas rapidement les fausses informations de leurs plateformes.

M. Macron a indiqué que dans le texte de loi, dont le contenu sera "détaillé dans les semaines qui viennent", "les plates-formes se verront imposer des obligations de transparence accrue sur tous les contenus sponsorisés afin de rendre publique l'identité des annonceurs et de ceux qui les contrôlent, mais aussi de limiter les montants consacrés à ces contenus".

"En cas de propagation d'une fausse nouvelle, il sera possible de saisir le juge" pour permettre le cas échéant "de supprimer le contenu mis en cause, de déréférencer le site, de fermer le compte utilisateur concerné, voire de bloquer l'accès au site internet", a-t-il poursuivi.

Le chef de l'Etat a par ailleurs appelé "à responsabiliser les plateformes et les diffuseurs sur internet", tout en demandant à la profession journalistique d'entamer "une réflexion" déontologique.

L'extrême droite a aussitôt critiqué l'annonce de M. Macron. "Contrôle de la parole libre sur internet, judiciarisation supplémentaire de la société: la France est-elle toujours une démocratie si elle musèle ses citoyens ? Très inquiétant !", a réagi sur Twitter la présidente du Front national, Marine Le Pen.

Avec AFP