Majorité absolue assurée pour le parti de Macron

L'assemblée nationale française à Pairs, France, le 13 décembre 2016.

Le président centriste Emmanuel Macron est assuré dimanche d'obtenir la majorité absolue à l'Assemblée nationale, totalisant selon les estimations 355 à 425 sièges sur un total de 577.

L'abstention culmine à plus de 56%, un record pour ce scrutin qui a donné au parti de droite Les Républicains (LR) entre 97 et 130 sièges et le Parti socialiste (PS) entre 27 à 49 sièges tandis que l'extrême droite compterait entre 4 et 8 députés et que la gauche radicale (France Insoumise et Parti communiste) totaliserait de 10 à 30 sièges, selon les instituts de sondages.

"Nous obtenons une majorité nette mais en même temps les Français n'ont pas voulu signer de chèque en blanc", a commenté le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.

Inconnu il y a encore trois ans, élu le 7 mai à 39 ans à la tête du pays face à des poids-lourds de la politique, le plus jeune chef d'Etat qu'ait connu la France a gagné son dernier pari: contrôler l'Assemblée nationale pour lancer de délicates réformes d'inspiration libérales-sociales et renforcer sa position au niveau européen.

Mais cette victoire est entachée par le niveau de l'abstention, qui devrait dépasser 56%, selon plusieurs instituts. Ce record historique s'explique par la victoire annoncée du parti présidentiel, un long marathon électoral entamé en octobre dernier avec les primaires de la droite, un désintérêt croissant pour la politique.

"Notre peuple est entré dans une forme de grève générale civique", a commenté le tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, lui-même élu à Marseille (sud-est) dimanche.

Défaite 'incontestable' de la gauche

Le mouvement présentiel REM a balayé les partis traditionnels de droite et de gauche qui structurent la vie politique française depuis des décennies, sans cependant parvenir au raz-de-marée annoncé par certains sondages pré-électoraux.

Loin derrière, Les Républicains (droite) et leurs alliés centristes obtiennent entre 128 et 130 sièges, après une campagne présidentielle plombée par les affaires de leur candidat François Fillon. "C'est plus qu'une défaite, c'est la fin d'une époque", a commenté une ex-ministre de droite Valérie Pécresse.

Le chef de file des Républicains François Baroin s'est toutefois félicité que le nombre de députés soit "suffisamment important pour faire valoir les convictions" de la droite.

A gauche, le Parti socialiste, qui contrôlait la moitié de l'Assemblée sortante, s'est réduit à peau de chagrin. Seule consolation, le PS reste de peu la principale force de gauche, avec de 46 à 50 députés, devant la gauche radicale (une trentaine de sièges).

"La défaite de la gauche est incontournable, la déroute du Parti socialiste, sans appel", a reconnu dimanche soir le patron du parti, Jean-Christophe Cambadélis, en annonçant sa démission.

Enfin, l'extrême droite française obtiendrait six sièges, contre deux en 2012. La patronne du Front national Marine Le Pen, députée européenne, entre pour la première fois à l'Assemblée nationale française, après une tentative ratée en 2012.

"Face à ce bloc mastodonte du système, nous sommes la seule force de résistance à la dilution de la France", a-t-elle commenté dimanche. Mais le faible nombre d'élus du FN sonne le glas de ses espoirs nés de la vague nationaliste en Europe et du score historique atteint au second tour de la présidentielle.

Des députés aux ordres ?

Ces élections législatives marquent par ailleurs un profond renouvellement, le mouvement REM ayant fait appel à de nombreux nouveaux visages tandis que seuls 222 députés sortants étaient qualifiés pour le second tour.

Pour le constitutionnaliste Didier Maus, "on a tiré contre tout ce qui représentait un système antérieur et on essaie autre chose".

Certains adversaires de M. Macron se sont inquiétés de la profonde inexpérience de ces nouveaux-venus et de leur soumission supposée au nouveau président, en dénonçant le risque "d'absolutisme".

"Les députés En marche! vont avoir le petit doigt sur la couture", a critiqué François Baroin, soulignant qu'ils avaient été élus "sur le seul nom" du président.

Dans cette configuration, le chef de l'Etat qui "marche sur l'eau", selon le journal The Economist, a les coudées franches pour lancer ses réformes, avec trois priorités annoncées: moraliser la vie politique, réformer le droit du travail et renforcer l'arsenal de lutte contre le terrorisme.

Cet européen convaincu qui souhaite "une France forte dans une Europe forte" doit aussi se rendre à Bruxelles cette semaine pour un conseil européen, alors que commencent les négociations sur le Brexit.

Après avoir fait son premier déplacement à Berlin, au lendemain de son investiture, il a rencontré ces derniers jours plusieurs dirigeants européens.

Avec AFP