Un mort et des cartes d'électeurs brûlées dans une région minière du Mali

Une marée de manifestants à Bamako pour réclamer des élections "transparentes" à Bamako, Mali, 8 juin 2018 (VOA / Kassim Traoré).

Un jeune homme a été tué et des dizaines de milliers de cartes d'électeurs brûlées lundi lors d'affrontements dans une région aurifère du Mali, à moins de sept semaines de l'élection présidentielle, a-t-on appris de sources concordantes.

Les événements se sont produits à Kéniéba (ouest), chef-lieu du cercle du même nom, une région aurifère frontalière du Sénégal.

"Mardi, les marchés et écoles sont restés fermés et les forces de l'ordre sont partout", a indiqué à l'AFP un responsable de la préfecture, selon qui la tension restait vive dans la ville, survolée par un hélicoptère de l'armée selon des témoins.

Les heurts ont éclaté à la suite d'un différend entre travailleurs et responsables de la mine d'or de Gounkoto, exploitée par la compagnie sud-africaine Randgold Resources, selon les autorités et un communiqué de l'entreprise, qui dit employer "plus de 300 personnes de la localité".

"Des manifestants se sont attaqués aux édifices publics en saccageant les bureaux de la préfecture (et) les résidences du premier adjoint et du deuxième adjoint au préfet", a affirmé dans un communiqué le ministère de l'Administration territoriale.

"Lors de ces attaques, les cartes d'électeurs biométriques récemment reçues ont été également brûlées", selon le ministère.

Selon un communiqué du parti au pouvoir lu à la télévision publique, c'est l'ensemble des cartes d'électeurs du cercle de Kéniéba, compatant quelque 200.000 habitants, qui ont été détruites.

"Les manifestants ont marché vers la préfecture avec des armes blanches, avec le soutien des chasseurs traditionnels dozo, qui avaient des armes", a précisé un employé de la préfecture.

"Ils ont brûlé tous les bureaux de la préfecture, brûlé les cartes d'électeurs", a également déclaré à l'AFP le député local Boubacar Sissoko.

"Les forces de l'ordre sont intervenues et c'est à ce moment qu'il y a eu un mort et sept blessés", a-t-il précisé. Ce bilan a été confirmé à l'AFP de source hospitalière locale.

"Les mines sont dans notre village et le village est pauvre. Ce n'est pas normal! Et quand nous voulons réclamer des droits, nos élus ou autorités soutiennent les employeurs miniers, qui font pourtant beaucoup de bénéfices", a déploré un habitant âgé de 30 ans et sans emploi, Yessouf Diarra.

Un premier lot de près de quatre millions de cartes d'électeurs biométriques sont arrivées la semaine dernière à Bamako et ont commencé à être acheminées vers les centres régionaux.

Avec AFP