Gao, capitale de la gestion de la crise malienne

Une patrouille conjointe à Gao, au Mali, le 23 février 2017.

La ville de Gao est devenue le centre stratégique pour la gestion de la crise du nord du Mali. La ville abrite le gouvernorat de la région de Kidal et certains habitants de l'extrême-nord y ont trouvé refuge.

Dans la ville de Gao, l'insécurité est quotidienne. Pas un jour ne se passe sans un braquage ou des vols de véhicules. Ce qui inquiète les habitants dont certains organisent leur propre sécurité. Selon eux, les différentes forces présentes sur place ne font pas assez pour assurer leur sécurité.

Pourtant dans le centre-ville de Gao, les dispositifs sécuritaires déployés devant certains bâtiments sont remarquables.

La Misnusma (mission des Nations unies au Mali), Barkhane (forces françaises) ou l'armée malienne sont visiblement très protégés. Mais ce haut niveau de sécurité n'existe pas en pleine ville comme le raconte Souleymane Sangho, communicateur traditionnel venu faire des achats au marché la peur au ventre.

"Il y a des bandits dispersés partout dans la nature... Dans les villages, sur les routes, partout ! Ils volent les motos, les véhicules, ils prennent tout ce que tu possèdes !," se plaint M. Sangho.

Dans le quartier Château, nom de la rôtisserie Moha, se trouve le gouvernorat de Kidal à Gao. Le gouverneur, Sidi Mohamed Ag Ichrach, détaille les difficultés de son travail au quotidien.

"La situation est loin d'être facile, nous discutons avec les groupes armés des deux camps, qu'ils soient de la plateforme ou de la CMA et nous tentons de venir en aide aux populations civiles. Nos actions sont multiples : l'appui aux personnes en difficulté, l'aide aux déplacés, la scolarisation des enfants ou la remise en état des structures de santé," explique le gouverneur Ichrach.

Le gouverneur condamne fermement les derniers combats entre la CMA et la Plateforme dans la ville d'Anefif et il tente de garder espoir.

"Ces affrontements sont regrettables... Malheureusement, nous n'avons pas pu les éviter du fait qu'il y a beaucoup de va -t-en guerre des deux côtés ! Du côté de la Plateforme comme de la CMA, il y a des gens qui ne sont pas sensibles au sort des populations civiles et qui veulent absolument en découdre au détriment de la paix ! ​Je pense que c'est condamnable mais que ca ne doit pas nous décourager," regrette le gouverneur Ichrach.

Hallaye Ag est un ancien habitant de Kidal. Cordonnier, il s'est installé sous un petit hangar et gagne bien sa vie à Gao mais Kidal lui manque.

"Il y a de réels problèmes à Kidal. Ce qui se passe là-bas, c'est un problème entre les ethnies même si tout le monde évoque toujours la CMA et la plateforme. Pour moi, il s'agit d'avantage d'un problème entre les ethnies."

A Gao, il y a aussi beaucoup de déplacés en provenance de Kidal, surtout des femmes et des enfants. La porte-parole des femmes de Kidal lance un appel aux combattants .

"Je demande à tous les hommes et les femmes de chercher et de construire la paix à Kidal," clame la porte-parole.

Après des combats très violents qui ont fait plusieurs morts et des blessés à Anefif, la ville est contrôlée actuellement par la CMA.

Kassim Traoré, correspondant à Bamako.