Le gouvernement malien appelé à rapatrier de Libye tous ses ressortissants

Au moins 146 migrants maliens rapatriés le weekend dernier de la Libye, sont installés dans le camp de Sokoniko, une caserne de la protection civile à Bamako avant de rejoindre leurs familles, 26 mars 2016. (VOA Afrique/Kassim Traoré)

Au moins 146 migrants maliens rapatriés le weekend dernier de la Libye, sont installés dans le camp de Sokoniko, une caserne de la protection civile à Bamako avant de rejoindre leurs familles. Ici, ils se plaignent des maltraitances qu’ils ont subies durant leurs tentatives de sortir du continent africain par la Libye.

Parmi eux, se trouvent 17 femmes et 36 enfants, pris en charge par les agents de la protection civile.

Dans ce camp, les migrants rapatriés samedi de la Libye lancent un appel au gouvernement malien pour ramener tous ses ressortissants vivant en Libye qui, selon eux, n’y sont pas en sécurité.

Ils soutiennent avoir été l’objet de traitements physiques dégradants de la part de différentes armées qui sont maîtres dans les villes libyennes.

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Un reportage de Kassim Traoré

"Les Arabes-là n’aiment pas les ‘blacks’ ; on est là-bas par obstination inutile... C’est qui explique toutes ces souffrances : on ne nous aime pas. On est pris pour des vendeurs de drogue. On est obligé de se cacher constamment, on se cache même pour aller faire des achats à la boutique, pour aller prendre un crédit… Comment peut-on travailler ? Même si les gens viennent t’appeler pour aller travailler, tu as peur. Peut-être qu’il va te prendre pour t’envoyer en prison", se souvient Youssouf Kanté, originaire de la région de Kayes.

Les rescapés qualifient la Libye de jungle. Selon eux, les jeunes migrants qui arrivent à y trouver du travail ou à y exercer quelques activités génératrices de revenus sont la cible des tracasseries de tout genre de la part des groupes armés.

"La plupart des gens sont en difficulté là-bas… Ils (Ndlr, les responsables Maliens) n’ont qu’à tout faire pour les ramener", souligne Djibril Minta, originaire, lui, de Ségou, une autre région malienne.

Dans le lot des refoulés, il y a aussi des Touaregs et Arables qui, eux, se plaignent d’être souvent considérés comme des terroristes en Libye. Des femmes sont aussi de leur nombre.

"Celui qu’on trouve sans papier là-bas est tout de suite pris pour un terroriste. On le prend et on le garde" (Ndlr, en prison), témoigne Djénéba Sylla qui a vécu à 200 km de Tripoli avant son retour au Mali.

Pour Youssouf Kanté, bon nombre de migrants maliens, surtout des femmes, ont été pris en otages, certains sont morts et personne n’a de leurs nouvelles.

"On sert des villas privées pour emprisonner les gens là-bas… Tu as beau chercher dans toutes les prisons, tu ne les verras pas. Il y a des gens qui sont morts là-bas. Il arrive que l'on fasse même descendre des femmes avec leurs enfants de leur taxi pour les emprisonner et on leur prend leur argent", dénonce M. Kanté.

A leur arrivée au Mali, les migrants rapatriés sont accueillis à l'aéroport et conduits à la caserne de la protection de Sokoniko

Ici, le commandant Adama Diatigui Diarra, chef du bureau des opérations, explique que les dispositions sont prises pour soigner même ceux qui sont malades. Ils parlent des blessés dont une amputée et des malades qui ont été pris en charge grâce notamment à une ambulance.

La prise en charge vise à aider les migrants rapatriés à retrouver leurs parents à Bamako ou à l’intérieur du pays.