Sur une distance de près de deux kilomètres, les marcheurs ont marqué trois arrêts chantant l’hymne national. Un arrêt au carrefour dans un quartier populaire de N’Djamena, un deuxième, devant la radio nationale tchadienne et un troisième arrêt devant l’IFT (Institut français du Tchad). Une manière pour eux de dénoncer ce qu’ils voient comme une ingérence de la France dans la politique tchadienne.
Pour galvaniser les marcheurs Younouss Mahajir, syndicaliste dans l’âme, cite un révolutionnaire tunisien en ces termes. "Le jour où le peuple décide de braver le destin, il est obligé d’éclaircir les ténèbres pour rompre la chaîne de l’esclave. Mais celui qui ne va pas suivre cette voie, va périr sans histoire", a lancé Younouss Mahajir.
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Pour Barka Michel, l'un des porte-paroles de Wakit Tama, la principale revendication des Tchadiens avant la tenue de cette messe politique c’est la modification de la charte actuelle de la transition. Dans cette charte déclare-t-il, seul le président qui nomme et destitue tout et il programme ce qu’il veut. Et qu’après la transition les membres du CMT vont partir mais nous leur demandons d’écrire sur la charte.
Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement Abdéraman Koulamallah, rejette l’idée de réviser la charte de la transition, "je l’ai dit plusieurs fois en tant que porte-parole du gouvernement. Ce n’est pas une question prioritaire dans cette phase de transition". "La charte joue le rôle d’une loi fondamentale qui est notre constitution. On ne va pas s’amuser tous les 24 heures à changer la charte parce que telle ou telle personne ne se retrouve pas là-dedans", a-t-il martelé.
Pour Alain Kemba Djida du mouvement citoyen "Le Temps", personne ne refuse de participer au dialogue. Mais dit qu’il faut que leur préalable soit pris en compte.
"Même par la force nous pouvons participer au dialogue. Mais nous sommes pacifistes c’est pourquoi nous posons notre problème de façon pacifique. Nous participerons à ce dialogue au nom du peuple", a insisté M. Alain.
Pour Adoum Soumaïne, membre de Wakit Tama, il y a des choses qui ne sont pas négociables. Pour lui, Idriss Deby a fait 30 ans, Mahamat Deby n’en fera pas que le dialogue ne va pas se passer n’importe comment. S’il le président du Conseil Militaire de Transition veut organiser ce dialogue pour concevoir son pouvoir, et qu’il compte sur les Français pour rester au pouvoir c'est son problème, mais le Tchad c’est la terre des Tchadiens et qu’ils ne se laisseront pas faire a averti Adoum Soumaïne, membre de Wakit Tama.
Pour Marting Félix Kotiga, président du parti Rassemblement pour la démocratie et le socialisme au Tchad, la place des militaires est dans la caserne. Mais ils abandonnent leur mission pour laquelle ils sont formés pour s’occuper des affaires politiques, mais qui va garantir la sécurité au peuple tchadien, s’interroge-t-il.
Dr Succès Masra, président du parti "Les Transformateurs" exige que "justice soit faite aux marcheurs lors des précédentes manifestations pacifiques". "Ces marcheurs abattus le 27 avril, le 8 mai et les jours suivants, jamais la justice n’a pu identifier les auteurs jusque-là mais lorsque les gens sont allés attaquer la maison d’un général, les auteurs sont rapidement identifiés. Ça veut dire dit-il qu’il y a deux catégories de Tchadiens et c’est parce que précise Dr Masra, les marcheurs ne veulent deux Tchad. C’est pourquoi ils ont décidé de se mettre débout et à l’ouvrage par fidélité de l’hymne national", a-t-il confié à VOA Afrique.