Une note interne de l'UEFA sur un travail salarié à la Fifa, connue dès 1998 au sommet du foot mondial, peut-elle sauver Michel Platini ? Les trois semaines qui viennent seront décisives pour l'avenir du candidat à la présidence de l'instance suprême du ballon rond.
Selon le camp Platini, cette note prouve que le versement de 1,8 million d'euros qui a entraîné la suspension de l'ancien international français était fondé.
La nouvelle pièce au dossier, révélée par le "Journal du Dimanche", "ressemble à une des notes d'un service de renseignements" : il s'agit d'un rapport interne distribué lors d'un comité exécutif de l'UEFA à Stockholm, en Suède, le 12 novembre 1998.
Dans ce document, il est indiqué que Joseph Blatter, qui vient d'être élu en juin président de la Fifa, "a déjà annoncé que Platini deviendrait le futur directeur des sports de la Fifa, (que) Platini deviendrait donc impliqué dans la Fifa". Y est également écrit, selon le JDD, qu'"on entend parler d'un salaire d'un million de francs suisses".
"La preuve écrite d'un contrat oral"
A cette époque, trois membres du comité exécutif de l'UEFA, dont le président Lennart Johansson, occupent également de hautes fonctions à la Fifa.
"Ce document est la preuve écrite d'un contrat oral, expose à l'AFP l'avocat de Michel Platini, Me Thibaud d'Alès. Ce document confirme non seulement l'existence d'un contrat de travail entre Michel Platini et la Fifa en 1998, mais aussi son montant."
"Cela démontre que ce contrat n'avait aucun caractère occulte et qu'il était connu de plusieurs membres du comité exécutif de l'UEFA et de plusieurs membres du comité exécutif de la Fifa dès 1998", poursuit ce membre du cabinet Clifford Chance à Paris.
Michel Platini, président de l'UEFA depuis 2007 et candidat à la présidence de la Fifa, est suspendu de toute activité dans le football jusqu'au 5 janvier. Il est menacé de radiation à vie par le comité d'éthique de la Fifa.
Au cœur du dossier, il y a ce 1,8 million d'euros reçu en 2011 par Platini de la part de Blatter, président aujourd'hui démissionnaire de la Fifa, pour solde de tout compte pour un travail de conseiller achevé en 2002.
"Aucun doute" que Platini sera "innocenté", selon son avocat
"Les accusations de la commission d'éthique de la Fifa sont non fondées et sont battues en brèche, poursuit Me. D'Alès auprès de l'AFP. Nous n'avons aucun doute que la commission d'éthique finira par se rendre à l'évidence et que Michel Platini finira par être totalement innocenté."
Les juges de la Fifa requièrent aussi la radiation à vie car, selon le camp Platini, ils "spéculent" sur un reliquat de paiement effectué en 2011, l'année où Blatter fut réélu pour un 4e mandat.
"Le timing de l'élection présidentielle de la Fifa n'a absolument rien à voir la dedans, car je n'avais jamais eu l'intention d'être candidat", avait opposé Michel Platini à l'AFP fin septembre.
Les semaines qui viennent vont être intenses pour Michel Platini, 60 ans. En attendant de connaître le verdict final de la justice interne de la Fifa, il est suspendu 90 jours depuis le 8 octobre, soit jusqu'au 5 janvier.
Sa candidature à la présidence de la Fifa, dont le scrutin est prévu le 26 février, est donc gelée et il ne peut faire campagne.
Une décision du TAS attendue dans la semaine
L'ancien meneur des Bleus a fait appel de cette suspension devant la Fifa, qui l'a rejetée. L'ex-joueur vedette de la Juventus s'est alors tourné le 20 novembre vers le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne, juridiction sportive suprême et indépendante.
Le TAS pourrait rendre sa décision dans la semaine qui vient, selon les délais en vigueur dans ce genre de cas en urgence.
En cas de levée de la suspension par le TAS, Platini serait en mesure de présider le tirage au sort de l'Euro-2016 à Paris le 12 décembre, ce qu'il ne pourrait faire en l'état actuel de sa suspension.
"Michel trépigne, il veut retrouver ses collaborateurs, sa fonction de président de l'UEFA et faire valider sa candidature à la présidence de la Fifa", indique son entourage à l'AFP.
Sur le fond du dossier, Platini sera entendu par la chambre de jugement de la commission d'éthique de la Fifa entre les 16 et 18 décembre, a indiqué à l'AFP une source proche de la Fifa. Cet organe entend rendre son verdict en décembre, donc sans doute avant Noël.
Christian Mpanzu