Mission de l'ONU renouvelée, vives critiques russes contre Paris

Le représentant permanent russe, Vassily Nebenzia, 2è à gauche, lors d'une réunion du Conseil de sécurité, New York, le 15 décembre 2017.

Le Conseil de sécurité a renouvelé jusqu'à fin 2019 la mission de paix de l'ONU en Centrafrique, au terme de difficiles et longues négociations entre la France, les Etats-Unis et la Russie qui a dénoncé une approche française "orgueilleuse".

Rédigée par la France, la résolution a été approuvée par treize des quinze membres du Conseil, la Russie et la Chine s'abstenant.

Elle prévoit le maintien en Centrafrique jusqu'au 15 novembre 2019 d'une force de Casques bleus (Minusca) pouvant comprendre jusqu'à 11.650 militaires et 2.080 policiers.

A la mi-novembre (échéance à l'origine de la mission), le Conseil de sécurité n'avait pu procéder qu'à un renouvellement technique d'un mois de la mission, à la suite d'objections américaines et russes.

L'administration de Donald Trump avait réclamé de consulter le Congrès et qu'aucun coût supplémentaire ne soit engendré par une extension de la mission onusienne au soutien d'un redéploiement de forces de sécurité centrafricaines. Le Congrès a donné son feu vert et la résolution précise que le changement de mission doit s'effectuer "en redistribuant les ressources approuvées".

Les critiques les plus virulentes sont venues de la Russie qui a multiplié en 2018 ses engagements bilatéraux en Centrafrique, ancienne colonie française: fourniture d'armes, formation de soldats centrafricains, médiations parallèles, conseil et protection de la présidence...

Moscou voulait une reconnaissance explicite de ses efforts et que les soldats formés par des Russes bénéficient du soutien de la Minusca.

Jeudi, l'ambassadeur russe Vassily Nebenzia s'en est vivement pris à la France après le vote, dénonçant l'approche "orgueilleuse" de Paris dans la négociation.

Les pays africains qui ont acquis leur indépendance sont traités "comme des pré-carrés", a lancé le diplomate russe, en estimant qu'il "n'y avait pas eu de recherche de compromis". "Ce n'est pas la première fois qu'on nous dit +c'est à prendre ou à laisser+", a dénoncé Vassily Nebenzia.

"Tous les efforts ont été faits pour parvenir à un consensus mais plusieurs délégations étaient opposées à certaines demandes russes", selon un diplomate français s'exprimant sous couvert d'anonymat.

La résolution souligne "la nécessité de renforcer la coordination de tous les efforts et initiatives sous la direction de l'Union africaine". Le texte reconnaît aussi le rôle de la Russie dans la formation des forces de sécurité centrafricaines.

L'aide de la Minusca ne pourra cependant se faire qu'au profit des unités centrafricaines "formées ou certifiées" par la mission de formation de l'Union européenne (EUTM), précise la résolution.

Depuis 2012, une majeure partie de la Centrafrique connaît des violences intercommunautaires. Ce pays pauvre de 4,5 millions d'habitants vit sous la coupe de groupes armés se disputant ses richesses minières.

Avec AFP