Nous ne le considérons pas seulement comme un représentant des Egyptiens, mais de tous les Arabes et musulmans", explique Gamal Sebaai, un Egyptien ayant travaillé pour la Fédération qatarie de football. "Nous espérons que le sport permettra une réconciliation entre frères", dit-il à l'AFP.
Cette venue à Doha de la superstar égyptienne intervient dans un contexte diplomatique particulier: en juin 2017, l'Egypte s'est associé à trois pays du Golfe (Arabie saoudite, Emirats et Bahreïn) pour geler les relations diplomatiques avec le Qatar, accusé de soutenir les mouvements islamistes, de se rapprocher de l'Iran et de semer le désordre dans le monde arabe avec sa chaîne Al-Jazeera.
Depuis, Doha, qui nie les accusations, est soumis à un boycott économique, une interdiction de vols directs avec ces pays et des campagnes médiatiques de dénigrement. Une situation qui affecte aussi les ressortissants des pays du quatuor anti-Qatar.
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Devenu une icône nationale et du monde arabe malgré sa Coupe d'Afrique des nations ratée à domicile l'été dernier (élimination en huitièmes), l'international égyptien est attendu dans l'émirat pour la demi-finale de la Coupe du monde des clubs entre Liverpool et les Mexicains de Monterrey mercredi (17h30 GMT), avant une probable finale le samedi.
Selon les statistiques officielles, la diaspora égyptienne au Qatar compte environ 300.000 âmes, soit plus de 10% de la population totale (2,75 millions), même si le flux s'est ralenti avec l'embargo. Il s'agit généralement de personnel qualifié travaillant dans le secteur énergétique, l'enseignement ou la santé.
Face au contexte géopolitique, Liverpool a reçu, selon la presse britannique, des assurances des autorités qataries que la visite de Mohamed Salah ne serait pas instrumentalisée.
Lire aussi : Liverpool à l'épreuve d'une fin d'année effrénéeA ce titre, durant le Mondial-2018, le joueur avait essuyé une violente controverse après la diffusion d'une photo aux côtés du leader tchétchène Ramzan Kadyrov, accusé de nombreuses violations des droits humains -- l'Egypte avait alors son camp de base dans cette petite république russe du Caucase.
A Doha, en attendant l'arrivée de leur vedette, plusieurs fans égyptiens regardent sur un écran TV un match des "Reds", dans le bazar touristique de Souq Waqif.
"J'ai fait l'impossible pour obtenir quatre billets pour les demi-finales, car je m'attends à ce que Liverpool gagne et je sais qu'il y aura une forte affluence" égyptienne, explique à l'AFP Moustafa Abdelmoneim, 42 ans, en référence à la rencontre qui se tiendra mercredi au stade Khalifa, d'une capacité de 40.000 places.
"Mes enfants m'ont mis une pression énorme pour que je réserve les billets parce qu'ils sont obsédés par Salah", ajoute ce jeune père.
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"Franchement, je ne soutiens Liverpool que pour lui. Si l'équipe marque dix buts, je ne me réjouirai que s'il y en a un de Salah", renchérit Mahmoud Mansour, 30 ans, qui dit pour sa part ne pas avoir pu obtenir de billets.
Alors que les tickets vendus sur internet "sont partis en 15 minutes", Ahmed Abdel Hamid déplore n'avoir pas eu davantage de réussite.
"C'était l'occasion de le voir avec Liverpool pour la première fois", se désole ce vendeur de 33 ans. "Mais nous irons à la +fan zone+".
Si les supporteurs égyptiens au Qatar n'ont pas tous pu s'offrir une place en tribune, d'autres n'ont même pas eu la possibilité de rejoindre le pays.
Sous couvert d'anonymat, des fans vivant dans l'émirat ont indiqué à l'AFP que des amis égyptiens avaient voulu se rendre à Doha mais n'avaient pu obtenir de visas touristiques.
Lire aussi : Mohamed Salah sauve les apparences pour LiverpoolD'autres ont hésité à faire le voyage, qui doit nécessairement passer par une escale, ajoutant des heures et des centaines de dollars au trajet.
De toutes façons, "aucun Egyptien ne viendrait ici pour regarder un match, nous ne venons ici que pour le travail", tranche un supporter égyptien souhaitant rester anonyme. "Quand on a les moyens d'aller au Qatar pour voir Salah, autant se rendre à Liverpool", juge-t-il.