Mondial 2018 : l'Azerbaïdjan cultive son rêve de Coupe du monde

Organisation d'un Grand prix de Formule 1, des Jeux européens 2015 ou bientôt de matches de l'Euro-2020 de football... L'Azerbaïdjan a fait du sport un pivot de sa politique internationale et rêve désormais d'une qualification pour la Coupe du monde de football.

Depuis une décennie, ce petit pays du Caucase riche en hydrocarbures, dirigé d'une main de fer par le président Ilham Aliyev, a dépensé des centaines de millions de dollars pour accueillir des grands évènements sportifs, mais aussi pour améliorer les performances de ses équipes.

C'est à cela que les autorités attribuent les bons résultats de la sélection azerbaïdjanaise dans les qualification pour le Mondial-2018. Avant d'accueillir l'Allemagne, dimanche à Bakou (16h00 GMT), l'équipe occupe une surprenante troisième place dans le groupe C, devant une valeur sûre du continent européen comme la République tchèque.

A des années-lumières du niveau de la sélection dans les années 1990, quand l'équipe de France pouvait par exemple remporter contre l'Azerbaïdjan la plus large victoire de son histoire (10-0).

"L'Azerbaïdjan a attiré l'attention de l'Europe" avec ces bons résultats, assure à l'AFP le président de la Fédération azerbaïdjanaise de football, Elkhan Mammadov.

- Un entraîneur de renom -

Selon M. Mammadov, ces bonnes performances, avec notamment une victoire (1-0) contre la Norvège et un match nul en République tchèque, sont "le résultat du travail poursuivi pour le développement du football dans le pays, le résultat logique d'un projet mis en place".

Pour se qualifier, les hommes entraînés par Robert Prosinecki, l'ancienne star croate du Real Madrid et de Barcelone, doivent terminer au moins à la deuxième place, ce qui leur permettrait d'accéder aux barrages.

Malgré un déclin de son économie consécutif à la chute des prix du pétrole, l'Azerbaïdjan a investi des millions de dollars dans un programme de développement du football lancé il y a dix ans, mais aussi pour attirer l'attention de la planète sur ce petit pays bordant la mer Caspienne.

Avec le soutien d'Ilham Aliyev, qui a succédé à son père en 2003, Bakou a organisé les Jeux Européens en 2015 et dispose depuis 2016 de son étape dans le championnat du monde de F1, courue dans le centre-ville de la capitale azerbaïdjanaise.

"La pratique montre que les évènements sportifs accueillis par l'Azerbaïdjan ont joué un grand rôle pour promouvoir le tourisme, l'histoire et la culture de notre pays et de ses habitants", explique à l'AFP le ministre des Sports, Azad Rahimov.

Actuellement 89e au classement Fifa, l'Azerbaïdjan ne s'est jamais encore qualifiée pour la Coupe du monde et la 4e place obtenue par la sélection du Caucase dans son groupe qualificatif pour le Mondial-2014 reste leur meilleure performance à ce jour.

- La carte jeune -

Le pays a également tenté de développer son championnat local, instaurant une règle obligeant les huit équipes de première division à aligner constamment au moins un joueur de moins de 21 ans sur le terrain.

Mais pour le journaliste sportif Amal Abouchov, la sélection nationale reste toutefois loin du haut niveau mondial. "Notre défaite contre l'Irlande du Nord 4-0 (en novembre, ndlr) est représentative du niveau de l'équipe", assure-t-il.

"De quel succès pouvons-nous parler quand le record de la sélection est de neuf points en éliminatoires?", s'interroge-t-il encore, faisant référence à la campagne de qualification pour le Mondial-2014.

Selon Amal Abouchov, l'argent dépensé par le pays bénéficierait plus à la sélection s'il servait au développement de jeunes joueurs qu'à l'embauche d'"entraîneurs étrangers chers" comme Robert Prosinecki.

L'Azerbaïdjan accueillera néanmoins trois matches de poule et un quart-de-finale de l'Euro-2020 dans son Stade National de 69.000 places flambant neuf. Bakou est également candidat pour accueillir la finale de la Ligue des champions 2019.

"Cela pourrait être un test pour l'Euro-2020. Nous allons essayer d'utiliser cette opportunité", explique Elkhan Mammadov, estimant que "les chances sont de 50-50" face à Madrid, l'autre ville candidate.

En cas de victoire, l'Azerbaïdjan se tournera ensuite vers un autre objectif: obtenir l'organisation des Jeux Olympiques, un rêve toujours présent malgré deux échecs pour l'obtention des JO de 2016 et 2020.

Avec AFP