La lecture de ce rapport montre "de nombreuses contradictions, des incohérences logiques, une utilisation de témoignages douteux et de preuves non confirmées", a déclaré le ministre adjoint des Affaires étrangères Sergueï Riabkov à l'agence Interfax.
"A la différence de nos interlocuteurs, qui dorment et ne rêvent de ce rapport que pour l'utiliser comme une arme pour leurs propres objectifs géopolitiques en Syrie, nous avons tranquillement et professionnellement étudié le contenu de ce document", a-t-il poursuivi.
Il a précisé que la Russie, alliée de longue date du régime de Bachar al-Assad, livrerait une "analyse" plus complète plus tard.
Dans un rapport de l'ONU publié jeudi, les experts se sont dits "convaincus que la République arabe syrienne est responsable de l'usage de sarin sur Khan Cheikhoun le 4 avril 2017".
L'attaque sur cette ville de la province d'Idleb, alors contrôlée par des rebelles et des jihadistes, a fait 83 morts selon l'ONU, au moins 87 dont plus de 30 enfants selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
"La Russie a constamment choisi de protéger Assad (...) Ce comportement ne que miner le consensus dans le monde contre l'utilisation des armes chimiques", a critiqué le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, accusant Moscou de "perturber les efforts pour découvrir la vérité".
"J'appelle la Russie à arrêter de couvrir son odieux allié", a-t-il poursuivi.
La France, elle, a vu dans le rapport des experts de l'ONU et de l'OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques) une "confirmation des graves violations du régime syrien".
"L'impunité n'est pas acceptable. La France continue d'agir avec ses partenaires, à New York et à la Haye, pour tirer les conclusions opérationnelles du rapport et déterminer la meilleure façon de sanctionner les responsables de ces attaques", a ajouté le ministre français des Affaires étrangères; Jean-Yves Le Drian.
Les images des habitants, dont ces nombreux enfants, agonisants, avaient fait le tour du monde et poussé l'administration Trump à lancer une attaque sur la base aérienne d'où, selon les puissances occidentales, était parti l'assaut sur la ville.
Dans la nuit du 6 au 7 avril, l'armée américaine avait tiré 59 missiles de croisière Tomahawk depuis deux navires américains vers la base d'Al-Chaayrate.
Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni avaient accusé les forces du président syrien Bachar al-Assad d'être responsables de cette attaque, mais Damas avait démenti toute implication.
La Russie affirme que le sarin retrouvé à Khan Cheikhoun est venu de l'explosion d'un obus au sol et non d'une attaque aérienne syrienne.
L'ONG Human Right Watch a appelé à "des mesures fortes" pour que les responsables du bombardement chimique "rendent des comptes".
Début septembre, la Commission d'enquête de l'ONU sur la situation des droits de l'Homme en Syrie avait déjà estimé que les forces syriennes étaient responsables de cette attaque au gaz sarin.
Avec AFP