Nigéria : fin de la campagne électorale sous haute surveillance

Le président Goodluck Jonathan du Nigeria, à gauche, et le candidat de l'opposition, le général Muhammadu Buhari, à droite, se tiennent main dans la main après avoir signé un renouvellement de leur engagement à organiser des élections pacifiques "libres, justes et crédibles", dans un hôtel dans le ...

Derniers appels aux électeurs, sécurité renforcée: la campagne électorale s'achevait jeudi soir au Nigeria, géant démographique et économique du continent africain, à moins de 48 heures d'une présidentielle.

La tension est perceptible dans le pays d'autant que l'ombre des insurgés islamistes de Boko Haram plane sur ces ces életions, annoncées comme serrées, qu'ils ont menacées d'empêcher.

A quelques heures de la clôture officielle de la campagne, jeudi à minuit (23h00 GMT), le président sortant Goodluck Jonathan, 57 ans, et son principal rival, l'ancien général Muhammadu Buhari, 72 ans, donnés au coude-à-coude par les commentateurs, ont jeté leurs dernières forces pour convaincre les électeurs de voter pour eux samedi.

"Je ne me souviens pas d'un scrutin aussi important dans l'histoire de notre nation, et nous avons besoin de votre soutien", a lancé le président Jonathan, candidat du Parti démocratique populaire (PDP), dans un ultime message relayé dans la presse nigériane et accompagné de 40 pages de publicité sur les grands "succès" de son mandat.

M. Buhari, du Congrès progressiste (APC), qui fut à la tête d'une junte militaire dans les années 1980 et aime à se définir comme un "démocrate converti", a basé toute sa campagne sur "le changement". Le PDP est aux affaires depuis la fin des dictatures militaires en 1999.

Dans son dernier message aux électeurs, transmis aux médias, il s'est engagé à "reconstruire l'armée" et à s'assurer que "jamais plus les terroristes ne trouvent refuge au Nigeria".

Les deux rivaux se sont à nouveau engagés jeudi à faire régner le calme dans leurs camps respectifs, lors d'une cérémonie à laquelle ont assisté l'archevêque catholique d'Abuja, John Onaiyekan, et le sultan de Sokoto, la plus importante autorité musulmane du Nigeria, dans un pays où les dissensions politiques attisent souvent les tensions religieuses.

Mais, pour le porte-parole de la Commission électorale indépendante (INEC), Kayode Idowu, c'est surtout l'acceptation de la défaite, par le candidat perdant et son camp, qui permettra d'éviter des violences après les élections.

Les périodes électorales sont souvent très violentes dans le pays le plus peuplé d'Afrique (173 millions d'habitants), première économie du continent.

Lors de la dernière présidentielle en 2011, près d'un millier de personnes ont été tuées après l'annonce de la victoire de M. Jonathan contre M. Buhari, qui était déjà son principal adversaire.

Selon la commission nigériane des droits de l'Homme, les violences ont déjà fait près de 60 morts pendant la campagne.

- Violences politiques et islamistes -

Aux violences politiques, s'ajoutent les menaces d'attentats islamistes.

Mis à mal dans ses fiefs du nord-est par une opération militaire régionale, Boko Haram, qui a fait allégeance à l'organisation Etat islamique (EI), a promis de perturber le scrutin.

Le groupe armé a démontré sa capacité à multiplier les attentats-suicides contre des cibles vulnérables comme les marchés et les gares routières du nord.

Initialement prévues le 14 février, les élections ont déjà été repoussées, officiellement en raison de la mobilisation de nombreux militaires contre Boko Haram dans le nord-est.

Les frontières maritimes et terrestres ont été bouclées mercredi à minuit (23h00 GMT) jusqu'à la même heure samedi, et les forces de l'ordre ont annoncé avoir pris des mesures spéciales pour s'assurer du déroulement pacifique de la présidentielle mais aussi des législatives de samedi.

En début de semaine, le chef de la police nigériane a ordonné "une interdiction totale" de circuler samedi pour tous les véhicules, sauf ceux utilisés pour des "missions essentielles", entre 08H00 et 17H00.

Et le Département des services de sécurité de l' Etat (DSS), l'agence nigériane de renseignements, a appelé à la plus grande vigilance samedi dans les endroits très fréquentés.

"On demande aux électeurs de se méfier des personnes portant des tenues larges ou volumineuses au niveau du ventre", a déclaré la porte-parole du DSS, Marlilyn Ogar.

"Détectez les sacs abandonnés, les bagages, les poubelles, les contenants étranges ou tout autre objet suspect", a-t-elle ajouté.

La sécurité sera particulièrement renforcée autour des bureaux de vote et des cibles considérées comme "vulnérables", telles que les banques et les bâtiments officiels, de peur d'attentats à la bombe.

Quelque 68,8 millions d'électeurs sont appelés aux urnes samedi .

Tout le matériel électoral, dont les scanners biométriques, utilisés pour la première fois, a été distribué dans les 36 Etats de la fédération et dans la capitale fédérale. "Tout est en place" pour le scrutin, a assuré le porte-parole de la commission électorale.

Les élections "se dérouleront de façon irréprochable", a-t-il assuré. Les résultats doivent être publiés dans les 48 heures suivant la fermeture des bureaux de vote.

VOA/AFP