Mme Alison-Madueke, qui fut ministre de l'ancien président Goodluck Jonathan jusqu'en 2015 et la première femme à diriger l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), est au centre de plusieurs enquêtes pour blanchiment d'argent et corruption aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou en Italie et l'une des cibles privilégiées de la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC) au Nigeria.
Elle avait été arrêtée à Londres en octobre 2015, où un tribunal a ordonné le gel de cinq propriétés de luxe liées à ses affaires, avant d'être libérée sous caution en attendant son procès.
Lire aussi : Shekau revendique de récentes attaques au NigeriaL'ex-ministre de 57 ans a toujours nié avoir détourné des millions de dollars de juteux contrats pétroliers et des caisses de l'Etat lorsqu'elle était aux affaires.
Plusieurs maisons et appartements de Lagos et Abuja lui appartenant ont également été saisis par la justice nigériane ces derniers mois.
Le gouvernement nigérian avait jusque-là semblé se satisfaire qu'elle puisse être jugée en Grande-Bretagne plutôt que dans son pays, où Alison-Madueke compte encore des soutiens politiques influents et où le système judiciaire est notoirement corrompu et critiqué pour sa lenteur.
Mais le patron de l'EFCC, Ibrahim Magu, a affirmé lundi que l'enquête britannique piétinait, protestant contre le fait qu'aucune poursuite n'aient été lancée.
"Il vraiment déraisonnable qu'elle ne soit toujours pas jugée là-bas", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Abuja.
"C'est pourquoi je dis, 'si vous ne pouvez pas la poursuivre, amenez-là ici. Nous allons la poursuivre'", a ajouté M. Magu. "Nous ne pouvons pas attendre indéfiniment. Je pense que trois années et quelque sont plus qu'assez pour la traduire devant les tribunaux".
Lire aussi : Inauguration d'un nouveau champ pétrolier offshore en Angola"Personne n'a entamé les poursuites là-bas. C'est pourquoi j'ai proposé de lancer une procédure d'extradition".
Aucun commentaire n'a été fait dans l'immédiat par le gouvernement britannique ou son ambassade à Abuja.
Le président Muhammadu Buhari a été élu en 2015 sur la promesse de lutter contre la corruption endémique et l'impunité qui minent le Nigeria, principal exportateur d'or noir africain avec l'Angola.
Mais près de quatre ans plus tard, et alors qu'il briguera un second mandat en février prochain, son bilan en matière de lutte anti-corruption est très critiqué, peu de personnalités importantes ayant été condamnées.
Avec AFP