Tensions diplomatiques et snobisme entre rois traditionnels au Nigeria

L'Oba de Lagos, Rilwan Babatunde Osuolale Aremu Akiolu (devant à gauche) est assis avec ses chefs traditionnels lors d'un concert et d'un feu d'artifice à l’occasion de la célébration du centenaire du Nigeria au stade national d’Abuja, Nigeria, 27 février 2014

Une vidéo en ligne, dans laquelle le roi de Lagos refuse de serrer la main au roi des peuples yoroubas, figure traditionnelle majeure au Nigeria, a déclenché une forte polémique dans un pays où la hiérarchie entre rois doit être strictement respectée.

Sur les images, Rilwan Akiolu, l'oba (roi) de Lagos, 73 ans, refuse ostensiblement de saluer l'ooni d'Ife lors d'une célébration publique, alors que, selon la tradition, tout roi ou leader traditionnel en terre yorouba doit considérer l'ooni d'Ife comme "second sur l'échelle des dieux".


L'ooni d'Ife est le monarque le plus puissant et le plus respecté au sein de la communauté yorouba du sud-ouest du Nigeria, la deuxième ethnie du pays par le nombre et dont dépend Lagos, la capitale économique.

Sur la vidéo, l'ooni d'Ife, 42 ans, s'est installé sur son siège sans mot dire et l'internet s'est enflammé sitôt la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

"Nous voulons penser qu'oba Akinolu n'a pas réalisé que c'était l'ooni qui le saluait", explique à l'AFP Yinka Odumakin, présidente d'un groupe culturel yorouba, Afenifere.

"Sinon, nous pourrions considérer que ce qu'il s'est passé est un sacrilège et une abomination pour notre culture", menace-t-elle. "Ceci n'est pas acceptable, et hautement condamnable."

Les chefs traditionnels ont perdu leur pouvoir politique lors de la colonisation britannique, mais leur influence est énorme dans la société nigériane, certains considérant les plus grands chefs comme des demi-dieux.

Ils représentent également les garants de la culture traditionnelle, encore très importante dans la société nigériane.

Adeyeye Enitan Ogunwusi, 51è ooni d'Ife, a été couronné en décembre 2015. Il fait partie d'une nouvelle génération de leaders traditionnels, ayant fait des études brillantes et à la tête de nombreuses entreprises.

Son porte-parole a souhaité calmer les critiques de ses défenseurs, assurant que le monarque n'avait "aucune intention de rentrer dans une rivalité quelconque" avec le roi de Lagos.

"Sa mission est d'apporter la paix, l'unité et le progrès sur les terres yoroubas. Il reste concentré sur cette tâche", commente Moses Olafare.

Personne dans le palais de Lagos n'a souhaité faire de remarque sur cet incident.

Avec AFP