Nkurunziza met en garde les médias internationaux

Le président burundais Pierre Nkurunziza,

"La paix et la sécurité règnent sur 99,9% du territoire burundais" et les élections se dérouleront en paix, a déclaré mercredi Pierre Nkurunziza, au cours d’une troisième adresse à la radio-télévision nationale après le coup d’Etat manqué de la semaine dernière.

Pierre NKurunziza, qui fait face à des manifestations d’opposition depuis l’annonce de sa candidature pour un troisième mandat, a martelé que la "la contestation ne concernait que quatre quartiers de la capitale".

"Toutes les 119 communes que compte le pays sont calmes. Il en est de même de toutes les 18 provinces que compte le Burundi", a affirmé le président Nkurunziza. "Sur 3.002 collines et quartiers, 2.998 collines et quartiers sont calmes", a insisté le chef de l'État, et "ce mouvement d'insurrection" n'est "signalé que dans quatre quartiers de la mairie de Bujumbura uniquement".

Le président burundais a mis en grade les médias locaux et internationaux "qui tenteraient de diffuser des informations de nature à semer la haine et la division entre Burundais et à jeter le discrédit sur le Burundi ou encourager des mouvements d'insurrection surtout pendant cette période électorale".

Il a prévenu "particulièrement étrangers" que le pays ne se limite pas à ces seuls quatre quartiers".

M. Nkurunziza avait annoncé, dans la matinée, le report du 26 mai au 5 juin des législatives et communales. La présidentielle - coeur de la crise - reste fixée au 26 juin, malgré la suppression du financement des scrutins par les bailleurs.

Selon lui, le "mouvement d'insurrection" (les manifestations contre sa candidature) est "intimement lié (au) coup d'État manqué".

M. Nkurunziza a qualifié la destruction des cinq radios de "crime", dont les auteurs seront traduits en justice, assurant que des enquêtes étaient en cours.

Avant le coup d'État, les quatre radios indépendantes avaient été accusées de relayer les appels aux manifestations, et la RPA, la radio la plus écoutée du pays, avait été fermée par les autorités. Des journalistes de ces médias disent avoir été menacées par les autorités, d'autres se cachent actuellement, tandis que des responsables des radios détruites se sont vu interdire l'accès à leurs locaux.

Les médias étrangers se voient eux régulièrement reprocher de couvrir de façon excessive le mouvement de contestation et, in fine, de l'attiser, notamment en insistant sur la répression policière et ses excès, la police ouvrant parfois le feu à balles réelles sur les manifestants.

L'ensemble des correspondants et envoyés spéciaux étrangers au Burundi ont été convoqués jeudi matin au Conseil national de la Communication (CNC), l'organe de régulation du secteur. L'ordre du jour n'a pas été communiqué.

La candidature du président Nkurunziza - élu en 2005 et réélu en 2010 - à un troisième mandat, jugé inconstitutionnel par ses adversaires, a déclenché, le 26 avril, un mouvement de contestation émaillé de violences entre contestataires et policiers, qui ont fait une vingtaine de morts. Les protestations sont, pour l'heure, essentiellement limitées à quatre quartiers périphériques de Bujumbura, où les policiers bloquent les manifestants, les empêchant de converger vers le centre-ville.