Nouvelle manifestation dans une ancienne ville minière sinistrée au Maroc

oliciers anti-émeutes face aux manifestants après les funérailles de deux frères morts dans l’effondrement d'une mine de charbon abandonnée à Jerada, le 27 décembre 2017.

Des milliers de personnes étaient de nouveau rassemblées mercredi à Jerada pour exiger "travail et développement", quelques jours après la mort de deux frères dans une mine d'anthracite clandestine.

Aux cris de "alternative économique", ou "non à la marginalisation", les manifestants, jeunes pour la plupart, ont investi la principale place de cette ancienne cité minière pour exprimer leur colère après la mort vendredi des deux frères.

Houcine et Jedouane, âgés de 23 et 30 ans, ont péri dans un accident alors qu'ils tentaient d'extraire, sans aucune protection, du charbon dans une mine désaffectée, suscitant l'indignation chez les habitants de cette commune déshéritée.

"Nous demandons à l'Etat de trouver des solutions à nos problèmes, au chômage des jeunes, aux factures d'eau et d'électricité trop élevées", a lancé Abdessamih, un manifestant de 23 ans qui a préféré taire son nom de famille.

"Les jeunes descendent dans les puits de charbon au péril de leur vie car ils n'ont pas d'autre choix. Nous demandons aux autorités de nous trouver une alternative", a-t-il poursuivi.

Depuis la fermeture de la mine qui faisait vivre Jerada, "la ville n'a pas d'autres ressources, il n'y a pas d'emplois, pas d'usines. Les gens vivent dans la précarité", selon un responsable local de l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH).

Les manifestants, qui brandissaient pour beaucoup des drapeaux marocains, ont pointé du doigt des "notables" de la région qui détiennent des permis d'exploitation de charbon et qui "font la loi".

Hassan, un étudiant de 25 ans qui préfère ne pas donner son nom, accuse comme beaucoup d'autres manifestants ces "notables", dont des élus locaux, d'acheter du charbon extrait par les travailleurs clandestins à des "prix dérisoires", pour le revendre après à des prix beaucoup plus élevés.

Le ministre marocain de l'Energie et des mines, Aziz Rebbah, a affirmé que son ministère n'hésiterait pas à "retirer n'importe quel permis de recherche ou d'exploitation en cas du non respect de la réglementation ou d'abus", à "Jerada ou ailleurs". Il a affirmé avoir déjà "retiré plus de 1.400 permis en 2017 à l'échelle du royaume".

Malgré la fermeture, à la fin des années 1990, d'une importante mine qui employait quelque 9.000 personnes, des centaines de mineurs continuent de risquer leur vie pour extraire clandestinement du charbon.

Cette activité a laissé des séquelles chez les mineurs, dont une majorité est atteint de silicose, maladie pulmonaire provoquée par l'inhalation de fines poussières de charbon.

Située près de la frontière avec l'Algérie, Jerada est aujourd'hui l'une des villes les plus pauvres du pays.

Avec AFP