Deuxième jour de manifestation de l'opposition togolaise dans un climat tendu

Un Togolais demande au pouvoir de partir lors d'un rassemblement à Lomé, Togo, le 7 septembre 2017.

Les partisans de l'opposition se préparaient à manifester au Togo jeudi pour le deuxième jour consécutif, réclamant le départ du président Faure Gnassingbé, au lendemain de manifestations qui, selon l'opposition, ont été "sauvagement" réprimées dans le nord du pays.

En ouverture de la marche, les représentants de 14 partis d'opposition ont donné une conférence de presse dans la capitale de Lomé, lors de laquelle ils ont rappelé le décès d'un enfant de 9 ans à Mango (extrême nord), et ont regretté la répression "sauvage" des manifestations dans le "grand nord" que "le pouvoir a toujours considéré comme sa chasse gardée".

Du côté des partisans du pouvoir, aucune manifestation n'a été organisée.

Le leader de l’opposition togolaise Jean-Pierre Fabre marche aux côtés de ses partisans à Lomé, Togo, 20 septembre 2017. (VOA/Kayi Lawson).

"Les gens pensent que nous seront fatigués. Mais ils se trompent. Nous irons jusqu'au bout de la lutte", a proclamé mercredi le chef de file de l'opposition Jean-Pierre Fabre, appelant à d'autres mobilisations populaires les 26, 27 et 28 septembre.

L'internet mobile était coupé depuis plus de 24 heures dans le pays jeudi matin, tandis que le wifi fonctionnait par intermittence.

​A Mango, dans l'extrême-nord du pays, un enfant de 9 ans a été tué lors d'une manifestation qui n'avait pas été autorisée, selon le ministre de la Sécurité Yark Damehame, qui a accusé les manifestants de l'opposition d'avoir attaqué des cadres du parti présidentiel, l'Unir, et incendié des maisons.

"Malgré les déclarations des autorités en faveur de l'apaisement, la répression des manifestations par les forces armées continue au Togo", a déploré François Patuel, chercheur pour l'Afrique de l'Ouest à Amnesty International, dans un communiqué publié dans la nuit.

Amnesty "appelle à l'ouverture d'une enquête indépendante et impartiale sur les circonstances de sa mort et l'usage excessive de la force par les forces de sécurité".

Violences

La répression continue à Mango, où des boutiques de jeunes supposés proche de l'opposition ont été incendiées par des militaires. L'opposition appelle le pouvoir à prendre ses responsabilités avant que cela ne dégénère, a expliqué Brigitte Adjamagbo, présidente CAP2015 à VOA Afrique.

"Des militaires et des miliciens (en tenue civile) ont infiltré les manifestations à Bafilo, Kara (fief de la famille du président Gnassingbé, ndlr), Mango, Sokodé et à Dapaong", pouvait-on lire dans un communiqué distribué lors de la conférence.

"A Dapaong, des militaires ont mené des expéditions punitives toute la nuit", selon cette coalition d'opposants. "La ville est en train de brûler", a souligné Brigitte Adjamagbo-Johnson de CAP 2015. "Le marché brûle en ce moment même et ça tire."

Selon une source proche de la présidence togolaise, "25 personnes ont été blessées à Mango, dont 10 par balles".

D'autres incidents violents ont émaillé les manifestations dans plusieurs villes du nord du pays, comme à Dapaong et à Bafilo, où les forces de l'ordre ont tiré avec des balles en caoutchouc, faisant quatre blessés, selon une ONG locale. A Kara, fief de la famille du président Gnassingbé, la manifestation a été dispersée avant même de commencer.

Les marches organisées mercredi ont rassemblé 10.000 à 15.000 personnes à travers le pays, selon les chiffres de la police obtenues par l'AFP. L'opposition a revendiqué "des dizaines de milliers de manifestants" rien qu'à Lomé, selon Eric Dupuy, le porte-parole du principal parti d'opposition, l'Alliance nationale pour le changement (ANC).

Mardi, l'opposition a boycotté le vote au Parlement d'un projet de révision constitutionnelle soumis par le gouvernement, prévoyant notamment de limiter à deux le nombre de mandats présidentiels.

L'opposition refuse ce texte qui n'est pas rétroactif et permettrait au président Faure Gnassingbé, hériter d'une famille au pouvoir au Togo depuis 50 ans et lui-même à la tête du pays depuis 2005, de se représenter en 2020 et en 2025.

Avec AFP