Né le 11-septembre, Anish, jeune homme pas tout à fait comme les autres

Anish Shrivastava, né le 11 septembre 2001, à Prospect Park à Troy, New York, le 24 juillet 2021.

Sa naissance le 11-Septembre a peut-être sauvé son oncle, qui travaillait au World Trade Center; son père le voit comme un message d'espoir; Anish Shrivastava n'est pas un jeune homme tout à fait comme les autres.

10h05, c'est l'heure à laquelle a accouché Jaya Shrivastava, ce mardi matin de 2001, à Princeton (New Jersey). A New York, la tour sud du WTC était déjà tombée. La tour nord, allait s'effondrer à 10h28.

"Ils avaient éteint la télé dans ma chambre", se souvient-elle, "donc je n'étais pas au courant de ce qu'il se passait."

Dans la salle d'attente, son père, Ashish, et son oncle, avaient, eux, les yeux rivés sur le poste, le second voyant tomber la tour où se trouvait son bureau.

Sur une impulsion, le frère d'Ashish avait décidé, au dernier moment, d'annuler une réunion prévue le matin même, pour venir voir de plus près son neveu.

Le moment est surréaliste, mélange de "peur constante" et de "célébration", se souvient le père d'Anish.

"On est lié par le destin", dit aujourd'hui le jeune homme de son oncle. Anish n'était attendu que le 21 ou le 22, mais le 11-septembre, "il y avait une raison à ce qu'il soit là", estime sa mère.

Quelque 13.000 enfants sont nés aux Etats-Unis le même jour.

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"Une lueur d'espoir"

Quelques années plus tard, Anish est encore un très jeune garçon lorsqu'il comprend qu'un autre événement marquant que sa naissance s'est passé ce jour-là.

Avant son entrée à l'école, ses parents décident de lui peindre, à grands traits, le récit des attaques, avant que quelqu'un d'autre ne le fasse à leur place.

Pour Ashish, il était important de lui parler du drame, mais aussi du "positif qui en a découlé", l'élan de solidarité, les volontaires, l'unité, "pour qu'il ne soit pas seulement entraîné vers le négatif".

Son anniversaire, Anish ne le fête pas le 11 septembre. "On attend quelques jours, en général", dit ce jeune homme à la barbe naissante, qui aime la lecture et les jeux vidéos.

Le jour même, avant le coronavirus, il participait le plus souvent à des initiatives de l'organisation humanitaire MyGoodDeed, qui organise et encourage des actions bénévoles le 11 septembre.

"J'ai essayé de redonner à la communauté", dit-il, de montrer qu'"on peut reconstruire quelque chose; quelque chose de mieux".

Lesté de cette date de naissance, qui l'a "façonné", comme il le dit lui-même, Anish a peut-être mûri plus vite, comme les autres enfants du 11-septembre qu'il a rencontrés par l'intermédiaire de MyGoodDeed.

En images : les attentats du 11 septembre 2001

"Leur manière de voir la vie est un peu différente des autres", résume son père. "Ces enfants ont amené une lueur d'espoir dans cette société."

"Il voit toujours les choses du bon côté", abonde sa soeur de 14 ans, Aanika.

Quand elle a compris ce qu'était le 11-septembre, "je ne savais pas quoi dire", se souvient-elle. "Il m'a expliqué sa vision des choses, et ça a tout changé pour moi."

"Mon frère m'a montré tant de fois qu'il y a du bon chez les gens et qu'il faut toujours regarder l'avenir plutôt que de se lamenter sur le passé", dit-elle.

"Ca a joué sur mon état d'esprit", confirme Anish, "sur ce que doit être mon rôle." Le jeune homme a la voix douce et à l'oeil vif se sent investi d'une "mission".

Elève ingénieur bientôt en troisième année d'université, il veut "aider", d'une façon ou d'une autre, même s'il ne créera pas forcément sa propre banque alimentaire, dit-il dans un sourire.

Accepté par plusieurs universités aux Etats-Unis, Anish a choisi d'étudier dans l'Etat de New York, du côté de Troy, à trois heures au nord de la métropole.

Une fois diplômé en finance, sans doute en 2023, il ne se voit pas travailler ailleurs que dans la ville du World Trade Center.

"Depuis qu'il est né", assure sa mère, "il veut toujours aller à New York".

"Je sens que suis connecté à New York par beaucoup de choses", explique Anish. "Donc travailler là-bas, ce serait énorme."