Offensive contre l'EI à Palmyre et Mossoul, 48h après les attentats de Bruxelles

Cette image d'archives montre des combattants du groupe Etat Islamique à Raqqa, Syrie.

Le groupe État islamique était attaqué dans ses fiefs de Palmyre et de Mossoul, en Syrie et en Irak.

Pour tenter de mettre fin au conflit syrien, qui a favorisé la montée en puissance de cette organisation capable de frapper l'Europe, le chef de la diplomatie américaine John Kerry rencontrait à Moscou son homologue russe Sergueï Lavrov avant un entretien en soirée avec le président Vladimir Poutine.

L'armée syrienne, appuyée au sol par la milice chiite libanaise du Hezbollah, par un commando des forces spéciales russes et l'aviation de Moscou, est entrée dans la ville antique de Palmyre, dans l'est de la Syrie, pour en expulser l'EI qui la contrôle depuis mai 2015, ont annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et une source militaire syrienne.

"Les forces du régime sont entrées dans Palmyre du côté sud-ouest, à l'issue de combats contre l'EI", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

L'armée, qui a débuté le 7 mars une bataille pour reprendre la ville, avance "lentement en raison des mines" plantées par les jihadistes, selon lui.

La source militaire a affirmé de son côté à l'AFP que "l'armée est entrée du côté nord-ouest après avoir pris le contrôle d'une partie de la Vallée des tombeaux", où se trouvent les célèbres tours funéraires de la cité antique.

Les vestiges seront reconstruits

Une autre source a affirmé qu'un commando des forces spéciales russes se trouve sur le terrain où il dirige les opérations et "intervient directement quand c'est nécessaire".

Quarante jihadistes et huit membres des forces pro-régime ont été tués ces dernières 24 heures dans les combats, selon l'OSDH.

Depuis sa prise de contrôle, le groupe extrémiste y a détruit de nombreux trésors archéologiques comme le célèbre Arc de Triomphe, les temples de Bêl et de Baalshamin ou encore des tours funéraires symboles de l'essor de cette ville dans les premiers siècles après Jésus-Christ.

Surnommée la "Perle du désert", cette cité vieille de plus de 2.000 ans est classée au patrimoine mondial de l'Humanité.

Le directeur des Antiquités de Syrie Maamoun Abdelkarim a indiqué à l'AFP que deux des plus beaux trésors archéologiques que l'EI a détruits à l'explosif, les temples de Bêl et Baalshamin, seront reconstruits sous la supervision de l'Unesco après la "libération prochaine" de Palmyre.

La reprise de cette ville permettrait au régime de progresser plus à l'est dans le désert syrien vers la frontière avec l'Irak, contrôlée par les jihadistes.

Concomitamment, l'Irak a lancé une offensive pour reprendre Mossoul, deuxième ville du pays, une bataille qui s'annonce difficile.

Sa reprise est considérée comme l'objectif le plus important de la reconquête des territoires perdus lors de l'offensive éclair menée par l'EI en 2014.

Cette opération est menée par l'armée et les Unités de mobilisation populaire, une coalition de milices principalement chiites. Elle est appuyée également par la coalition internationale dirigée par les États-Unis, dont les avions ont effectué huit frappes sur les environs de Mossoul.

Mossoul, comme Palmyre, et surtout la ville syrienne de Raqa (nord), font partie du "califat" autoproclamé par son chef Abou Bakr al-Baghdadi à l'été 2014.

Pour tenter de mettre fin à la guerre en Syrie, sous les auspices de l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura, et sous le parrainage de Moscou et Washington, les délégations du régime et de l'opposition ont discuté à Genève d'une "transition" politique.

Washington et l'opposition syrienne veulent le départ du chef de l'État Bachar al-Assad mais Moscou le soutient et assure que seul le peuple syrien peut décider de son sort.

'L'atmosphère a changé'

Les dix jours de négociations indirectes à Genève ont surtout servi à briser la glace.

Selon une source proche de la délégation du régime, M. de Mistura a remis un document recensant "12 points de convergence" entre les deux camps dont la souveraineté de la Syrie, le refus de l'intervention étrangères ou le rejet du confessionnalisme.

Avant une pause dans les négociations, les parties cherchaient jeudi à s'entendre sur la date du prochain round.

Les représentants de Damas ne veulent revenir à Genève qu'après les élections parlementaires que le régime organise le 13 avril et dont l'annonce avait été perçue comme un pied-de-nez à la communauté internationale.

L'opposition juge ces élections "illégitimes" et demande une reprise des discussions dans une dizaine de jours.

Si tous les participants aux négociations reconnaissent que "l'atmosphère a changé", les progrès ont été faibles en Suisse.

Selon la feuille de route fixée par l'ONU, ces pourparlers indirects doivent pourtant mettre en place un organe de transition dans les six mois, qui devra rédiger une nouvelle Constitution et organiser des élections d'ici 18 mois.

Le conflit syrien a fait plus de 270.000 morts, poussé des millions de personnes à l'exode, notamment vers l'Europe, et offert un sanctuaire à l'EI.

Avec AFP