Un officier de l'armée tué dans l'attaque du bar d'un proche du pouvoir à Bujumbura

Un soldat burundais à Bujumbura. (AP Photo)

La famille et le chef de quartier disent privilégier la piste d'un "crime à mobile politique", le bar appartenant au mari de la 1ère vice-présidente du Sénat du Burundi, membre du parti au pouvoir.

Un officier supérieur de l'armée burundaise a été tué dimanche soir dans l'attaque d'un bar de Bujumbura appartenant au mari de la 1ère vice-présidente du Sénat du Burundi, lui-même blessé ainsi qu'un client, ont indiqué lundi la police et des témoins.

Un homme non identifié s'est introduit dimanche vers 20H00 dans le bar de Damas Hakizimana, époux de la 1ère vice-présidente du Sénat Spès-Caritas Njebarikanuye, membre influent du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, et a ouvert le feu, a indiqué à l'AFP Emile Nemeyimana, chef du quartier Kibenga - dans le sud de la capitale -, où se trouve l'établissement.

Le porte-parole adjoint de la police Moïse Nkurunziza, interrogé par l'AFP, a confirmé les faits.

"Le major Salvator Katihabwa est mort sur le champ et deux personnes ont été blessées dont le propriétaire du bar, qui a été admis dans un service de réanimation et se trouve dans un état critique", a indiqué à l'AFP un parent de Damas Hakizimana.

La famille et le chef de quartier disent privilégier la piste d'un "crime à mobile politique", rappelant que les tentatives d'assassinat de membres du CNDD-FDD se sont multipliées depuis le début, fin avril, de la crise née de la volonté du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat.

Selon Emile Nemeyimana, "c'était clairement une tentative d'assassinat" du patron du bar: après être entré et avoir commandé à boire, "l'assassin (...) a sorti une arme et a tiré froidement sur les gens, avant de s'enfuir avec les autres clients, sans rien voler", a-t-il expliqué.

Vendredi, un haut cadre du parti au pouvoir avait réchappé de peu à un attentat à Bujumbura et son garde du corps avait été tué. Ce cadre du parti était la troisième figure du camp présidentiel visée par une embuscade depuis la réélection controversée mi-juillet de M. Nkurunziza.

Depuis le début de la crise une dizaine de cadres subalternes et de responsables locaux du CNDD-FDD, ainsi que des figures ou militants de l'opposition ou de la société civiles actifs dans la contestation du troisième mandat, ont été assassinés ou visés par des tentatives d'assassinat.

La mise en échec d'un coup d'Etat militaire en mai et l'étouffement un mois plus tard de six semaines de manifestations contre le troisième mandat, n'ont pas empêché l'intensification des violences, désormais armées. Les affrontements armés entre policiers et insurgés sont devenus quasi-quotidiens à Bujumbura.

AFP