23 opposants écroués à Yaoundé transférés dans une unité de la police

Le Camerounais Maurice Kamto annonce sa victoire à la présidentielle camerounaise en conférence de presse à Yaoundé, le 8 octobre 2018. (VOA/Bagassi Koura)

Vingt-trois militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), parti du principal opposant camerounais Maurice Kamto écroué depuis janvier, ont été transférés mardi de la prison à une unité d'élite de la police, a appris l'AFP mercredi de responsables du parti.

Vingt-trois militants du MRC "ont été extraits de Kondengui, la prison principale de Yaoundé, et amenés au GSO (groupement spécial des opérations)", une unité d'élite de la police, a affirmé Emmanuel Simh, l'un des vice-présidents du parti.

"Nous n'avons aucune idée" des raisons de ce transfert, a-t-il ajouté, l'assimilant à un "enlèvement musclé".

Mardi, les 23 militants du MRC avaient refusé de se rendre au tribunal où était prévue une audience sur leur demande de mise en liberté.

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En cause, le refus des responsables de la prison de les laisser arborer des "maillots estampillés +CAN-Coupe d'Afrique des Nations-2019+", a expliqué sur les réseaux sociaux Olivier Bibou Nissack, porte-parole de M. Kamto.

En décidant de porter ces maillots, les militants du MRC voulaient dénoncer les soupçons de malversations financières qui pèsent sur les travaux d'infrastructures engagés en vue de l'organisation au Cameroun de la plus grande compétition de football en Afrique.

Selon M. Nissack, ce refus a créé du "grabuge" au sein de la prison et le transfèrement des opposants à la police est intervenu après cet incident.

Le pays devait accueillir la CAN 2019, mais la Confédération africaine de football (CAF) lui en a retiré l'organisation en raison des retards observés dans la construction des stades notamment. La compétition se déroulera cette année en Egypte.

Maurice Kamto, principal opposant au chef de l'Etat Paul Biya après la présidentielle d'octobre 2018 à laquelle il est arrivé deuxième, a été arrêté, ainsi qu'environ 150 personnes, à la suite d'une manifestation pacifique organisée dans plusieurs villes du Cameroun le 26 janvier.

Mi-février, l'opposant et plusieurs de ses militants et partisans ont été présentés devant le tribunal militaire de Yaoundé, où une information judiciaire pour "hostilité contre la patrie" et "insurrection", entre autres accusations, a été ouverte à leur encontre.

Ses avocats avaient introduit en première instance une demande de libération en dénonçant notamment "le traitement inhumain subi par M. Kamto et les autres leaders" de la coalition qui s'était formée autour de lui lors de la présidentielle.

Cette demande a été rejetée en instance puis en appel.

D'autres militants du parti, dont ceux transférés à la police, attendent toujours d'être fixés sur leur demande de libération.