L'opposition critique le rôle de la France dans l'affaire de la dette cachée au Mozambique

Le président du Mozmabique Arnando Guebuza, à gauche, et le chef de file de l'opposition Afonso Dhlakama à Maputo, Mozambique, le 5 septembre 2014.

La Renamo, principal parti d'opposition mozambicain, a critiqué dimanche le rôle supposé de la France dans le scandale de la dette cachée par le Mozambique, au lendemain de la publication des conclusions d'un rapport d'audit indépendant par le procureur général.

En 2013 et 2014, trois entreprises à capitaux publics liées aux services secrets et au ministère de la Défense mozambicains avaient emprunté 2 milliards de dollars en secret pour acheter du matériel de surveillance maritime et des navires.

Une partie des équipements, soit 24 chalutiers et 6 patrouilleurs, ont été livrés par les Constructions mécaniques du Normandie (CMN), une filiale du groupe Privinvest dont le patron est l'homme d'affaires français Iskandar Safa.

"Jusqu'à preuve du contraire, les Français sont des escrocs. L'homme qui a trompé le pays a été faire les choses en France. Nos responsables mozambicains sont allés voir les bateaux en France", a déclaré à l'AFP le porte-parole du principal parti d'opposition au Mozambique, Antonio Muchanga.

Le porte-parole et député fait référence à l'annonce de la signature du contrat à Cherbourg, en septembre 2013, par Iskandar Safa, en présence du président mozambicain d'alors, Armando Guebuza, et de son homologue français François Hollande.

Au Mozambique, ces chalutiers n'ont presque jamais servi et rouillent au port de Maputo par manque de marins et de permis de pêche.

Le rapport d'audit publié samedi par le procureur et réalisé par le cabinet américain Kroll relève plusieurs incohérences et zones d'ombre dans l'utilisation des deux milliards de dollars empruntés par le Mozambique.

Le cabinet d'audit a ainsi comparé le prix des équipements facturés aux entreprises à des prix estimés par un expert indépendant. La différence est édifiante: 713 millions de dollars.

"Le pricing a été basé avec une formule communément appliquée par notre groupe et les prix ont été négociés sur une longue période de temps comme précisé dans le rapport", s'est défendu Privinvest dans un communiqué, dimanche.

"De plus ces prix sont comparables à ceux que nous avions pratiqué avec nos autres clients", ajoute le groupe.

Dimanche, à l'occasion du jour de l'indépendance du Mozambique, le président Filipe Nyusi a salué la publication du rapport appelant la communauté internationale à "reprendre son aide".

Le FMI et les bailleurs de fonds avaient fait de la réalisation de cet audit une condition pour la reprise de l'aide internationale, gelée en avril 2016, lorsque l'existence des emprunts a été révélée. Une mission du FMI est prévue du 10 au 19 juillet.

Avec AFP