L'opposition décrète une prolongation illimitée de la trêve au Mozambique

Le président du Mozambique Arnando Guebuza, à gauche, et l'ancien rebelle Afonso Dhlakamase serrent la main après un accord signé à Maputo, Mozambique, le 5 septembre 2014.

Le chef de l'opposition mozambicaine a annoncé jeudi la prolongation illimitée de la trêve observée depuis décembre, une mesure présentée comme le "début de la fin de la guerre" entre la faction armée de son parti et les troupes gouvernementales.

"J'annonce aujourd'hui une trêve sans nouvelle limite. C'est une grande nouvelle pour le peuple mozambicain", a déclaré Afonso Dhlakama, lors d'une conférence de presse téléphonique.

"Cela ne signifie pas la fin de la guerre, mais le début de la fin de la guerre", a ajouté M. Dhlakama, qui vit retranché depuis un an et demi dans les montagnes de Gorongosa (centre).

L'ancienne rébellion de la guerre civile mozambicaine (1976-1992) a repris les armes dans le centre du pays en 2013 pour contester la mainmise du Frelimo, le parti qui tient les rênes du pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1975.

Les membres de la Renamo, qui disposent de députés au Parlement dans la capitale Maputo, réclament une plus grande décentralisation de l'Etat et une meilleure intégration de leurs militants armés dans la police et dans l'armée.

A la surprise générale, M. Dhlakama avait annoncé un cessez-le-feu unilatéral à Noël, prolongé depuis, pour faire avancer les négociations avec le gouvernement.

Hormis quelques incidents isolés, cette trêve est globalement respectée par les deux camps.

Début février, le président Filipe Nyusi avait annoncé une nouvelle phase des discussions, sans la supervision des médiateurs internationaux qui les accompagnaient depuis l'an dernier.

La délégation de l'Union européenne (UE) à Maputo, qui participait à cette médiation, a qualifié l'annonce de jeudi "développement très bienvenu" qui "contribue à créer un environnement propice à la poursuite des négociations".

Le gouvernement n'a, lui, pas immédiatement réagi.

Retrait militaire

"Une trêve sans nouvelle limite signifie qu'il n'y a plus de coups de feu, que les personnes peuvent circuler librement, que les investisseurs, s'ils avaient encore peur, peuvent revenir", a préciséM. Dhlakama aux journalistes.

"Il n'y a pas encore d'accord politique qui pourrait signifier la fin de la guerre", a-t-il toutefois souligné.

Le chef de la Renamo s'est par ailleurs déclaré optimiste sur un retrait des troupes gouvernementales dans le centre du pays.

"Le gouvernement s'est engagé au retrait total de toutes ses positions militaires dans la région de Gorongosa. A partir de lundi, trois positions vont commencer à se retirer", a indiqué M. Dhlakama, "l'accord prévoit que, d'ici à juin, tous les militaires du gouvernement se retirent dans leurs bases".

Le chef de la Renamo n'a cependant pas précisé quand il quitterait son camp retranché.

"J'aimerais pouvoir sortir la semaine prochaine mais il faut garantir ma sécurité", a-t-il indiqué, rappelant qu'il avait été victime de deux tentatives d'assassinat en 2015. "Bientôt, si tout se passe bien, nous serons ensemble dans les rues de Maputo pour préparer les élections", a-t-il ajouté.

Un scrutin local est prévu au Mozambique en 2018 et la prochaine présidentielle un an plus tard.

Le porte-parole de la Renamo, Antonio Muchanga, a souligné que la trêve devait permettre d'accélérer les discussions en vue d'une solution définitive au conflit.

"On espère que les commissions pourront travailler sans pression, de façon à permettre que, d'ici à la fin de cette année, tout soit résolu", a espéré Antonio Muchanga.

"Le souhait des deux chefs est que cette trêve soit définitive. Mais seule la pratique sur le terrain va pouvoir démontrer si elle l'est vraiment ou pas (...) il reste à produire un accord", a-t-il ajouté.

"Cela avance lentement", a lui-même reconnu Afonso Dhlakama.

Le Mozambique est l'un des pays les plus pauvres d'Afrique.

Anticipant de futurs revenus gaziers --d'importantes réserves ont été découvertes--, son gouvernement s'est lourdement et secrètement endetté, mettant en péril l'ensemble de l'économie. La plupart des bailleurs de fonds ont suspendu leur aide budgétaire.

Avec AFP