"L'élection kényane 2017 est une fraude et le piratage a affecté la crédibilité de cette élection. Ces résultats sont faux, c'est une imposture", a accusé lors d'une conférence de presse Raila Odinga, le candidat de la coalition d'opposition Nasa.
M. Odinga a précisé que mardi, en début d'après-midi, des pirates avaient accédé au système électronique de la Commission électorale (IEBC), en utilisant les codes d'accès de Chris Msando, responsable informatique de l'IEBC, dont le corps avait été retrouvé une semaine avant le scrutin, portant des traces de torture.
M. Odinga a affirmé que ces pirates avaient créé "des erreurs" dans les serveurs de l'IEBC, téléchargeant un algorithme qui aurait permis d'accroître artificiellement le score de M. Kenyatta et de créer un écart automatique de 11 points avec le score de M. Odinga à chaque actualisation des résultats.
Selon le leader de l'opposition, les pirates ont trouvé le moyen d'ajouter ou enlever tout ce qu'ils souhaitaient dans la base de données de l'IEBC.
Toujours d'après lui, ils ont aussi désactivé le système de synchronisation qui garantissait que les résultats remontés des bureaux de vote soient retranscrits automatiquement dans le système électronique.
A l'appui de ses accusations, M. Odinga a publié le registre, en langage informatique codé, des différentes opérations effectuées mardi sur le système informatique de l'IEBC, censé accréditer ses dires.
"Cette attaque contre la démocratie a affecté les résultats de l'élection dans les 47 comtés", a accusé l'ancien Premier ministre. Il a dénoncé une "tentative osée d'enlever aux Kényans leur pouvoir de choisir leurs dirigeants" et une "fraude d'une monumentale gravité".
Selon les résultats publiés mercredi matin par l'IEBC, portant sur plus de 90% des bureaux de vote, M. Kenyatta était crédité de 54,41% des suffrages, contre 44,72% pour M. Odinga, sur un total de 14,2 millions de votes comptabilisés.
L'opposition a publié ses propres résultats, qui donnent M. Odinga en tête avec 8.452.134 voix, contre 7.846.528 pour M. Kenyatta.
Plus tôt dans la nuit, l'opposition avait déjà annoncé contester les résultats provisoires de l'élection. Elle avait alors reproché à l'IEBC de ne pas lui avoir communiqué les procès-verbaux susceptibles de corroborer les résultats transmis électroniquement et diffusés sur le site internet de la commission.
M. Odinga ne s'est pas étendu sur ce qu'allait être sa stratégie. Il a simplement appelé les gens "à rester calmes". "Je ne contrôle pas le peuple", a-t-il toutefois ajouté.
Vétéran de la politique kényane et candidat pour la quatrième fois à la présidentielle, M. Odinga avait déjà crié à la fraude en 2007 à l'annonce de la réélection du président Mwai Kibaki.
Le Kenya avait alors plongé dans deux mois de violences politico-ethniques et de répression policière, qui avaient fait au moins 1.100 morts et plus de 600.000 déplacés.
En 2013, M. Odinga avait dénoncé des fraudes après la victoire dès le premier tour de M. Kenyatta, en s'appuyant sur la faillite du système électronique. Il avait saisi la Cour suprême, qui avait tout de même validé les résultats.
Avec AFP