Après plus de six mois de manifestations populaires pour demander la démission du président togolais, au pouvoir depuis 2005, opposition et parti au pouvoir ont commencé des négociations difficiles sous l'égide du président ghanéen Nana Akufo-Addo.
Mais après plus d'un mois de pourparlers et seulement trois jours de rencontres, les discussions semblent bloquées sur un principal point de discorde: la non-rétroactivité de la limitation du nombre de mandats présidentiels.
"C’est trop facile (...) de dire aujourd’hui que les trois mandats exercés ne comptent pas. Faure Gnassingbé se trompe. On n’acceptera jamais qu’il se représente en 2020", a déclaré Jean-Pierre Fabre, chef historique de l'opposition, lors d'une conférence de presse et sous les applaudissements de ses partisans.
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"C’est vraiment immoral, c’est une escroquerie politique", a renchéri Brigitte Adjamagbo-Johnson, coordonnatrice de la coalition de l’opposition, qui réunit 14 partis.
"S’il maintient cette position, il manque profondément d’éthique. Il est le seul à pouvoir faire le choix de sortir par la grande porte ou par la petite".
Les pourparlers n'ont pour l'instant duré que trois journées, et la dernière, vendredi, s'est tenue après une pause de près d'un mois.
La coalition, qui est parvenue à faire pression sur le gouvernement par ses marches quasi hebdomadaires réunissant des dizaines de milliers de manifestants depuis le mois de septembre, réclame également "un mode de scrutin uninominal à deux tours".
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Dans une déclaration au terme de la journée de pourparlers de vendredi, le président ghanéen avait "encouragé les parties à ne pas fermer la porte aux propositions faites par l'un et l'autre, mais de prendre en considération l'intérêt supérieur de la nation".
Les Nations unies, l'Union européenne ainsi que les ambassades de France, d'Allemagne et des Etats-Unis ont également invité les deux parties à s'engager dans une "discussion de fond" sur les réformes constitutionnelles et à "dépasser leurs positions de principe".
L'opposition, qui a suspendu ses marches pendant le déroulement des négociations avec le pouvoir, a menacé de rappeler ses partisans dans la rue.
Faure Gnassingbé en est aujourd'hui à son troisième mandat, ayant été réélu lors de scrutins contestés par l'opposition, en 2010 et en 2015. Il a succédé à son père, qui a gouverné le Togo d'une main de fer pendant 38 ans.