Dès l'ouverture du sommet, le président de la commission de la Cédéao, Jean-Claude Brou, a évoqué les "2.200 attaques ces quatre dernière années, les 11.500 morts, les milliers de blessés", "les millions de déplacés", une "activité économique considérablement affectée" et des "conflits intercommunautaires exacerbés" au Sahel.
De son côté, le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a souligné que "les menaces transcendent les frontières". "Nous sommes tous exposés et aucun pays n'est à l'abri", a-t-il déclaré, rappelant que "l'escalade de la violence a déclenché une crise humanitaire sans précédent" dans son pays et que "des écoles et infrastructures de santé (ont été) fermées et des symboles de l'Etat détruits".
Au moins une trentaine de Burkinabè ont été tués dans des attaques cette semaine.
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"Il ne se passe pas un jour sans perte humaine, nous assistons à la banalisation de la violence, à la terreur au quotidien", a déclaré de son côté le président nigérien Mahamadou Issoufou, soulignant "l'urgence" de la situation alors que "la menace s'étend vers le sud".
"Nous constatons une expansion de cette gangrène (...) un des plus grands défis de notre continent", a renchéri Moussa Faki, président de la Commmission de l'Union africaine indiquant qu'il fallait "s'interroger sur l'efficacité de notre réponse".
- Le G5 Sahel en question -
Une des questions que devra aborder le sommet est le sort du G5-Sahel, la force multinationale (Mauritanie, Mali, Burkina, Niger, Tchad) qui devait comprendre 5.000 hommes.
L'idée de cette force, poussée par la France, était de faire monter en puissance les armées régionales pour épauler, voire à terme remplacer l'armée française, qui conduit au Sahel l'opération Barkhane (4.500 militaires) contre les jihadistes depuis 2014 dans le prolongement de l'intervention menée dans le Nord malien l'année précédente.
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Or, les résultats de la force sont si minces que de nombreux observateurs ont estimé que le sommet serait l'occasion de "célébrer les funérailles du G5-Sahel", selon l'expression de Lassina Diarra, auteur de "La Cédéao face au terrorisme transnational".
Le président Issoufou a interrogé ses pairs sur la question: "Faut-il trouver un substitut au dispositif actuel (..) ou le renforcer ?".
En marge du sommet, il a toutefois confié à la presse qu'il désirait "un renforcement" avec de l'aide "financière", des "équipements ou des hommes": "S'il faut mettre en place un autre mécanisme, on va perdre du temps, or on n'a pas le temps. Il y a urgence. Il s'agit d'agir vite".
La réunion à huis clos des chefs d'Etat membres de la Cédéao qui a commencé en début d'après-midi devrait aborder les aides possibles, financières ou opérationnelles comme des avions, hélicoptères ou blindés.
Conscient des limites de la force, le président Issoufou avait appelé en juillet à la formation d'une "coalition internationale" sur le modèle de celle qui a lutté contre le groupe Etat islamique en Irak et en Syrie
"La Minusma (Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation pour le Mali, 13.000 hommes) et le G5-Sahel ne suffisent pas. Nous devons trouver des moyens de coordination plus élargis et plus efficaces", a estimé de son côté, le président ivoirien Alassane Ouattara.
L'émergence d'un front uni et une mobilisation financière interne pourraient favoriser des aides extérieures de la France, Allemagne, Arabie Saoudite, Maroc, Etats-Unis, Emirats Arabes ou encore de l'Union européenne et des Nations unies, tous présents au sommet, selon plusieurs dirigeants et diplomates africains.
L’envoyé spécial de la France au Sahel Christophe Bigot a d'ailleurs répété à plusieurs reprises l'engagement français tout en insistant qu'il fallait "s'assurer que les promesses (financières) en faveur du G5 soient pleinement respectées".
Miné par des problèmes de gouvernance et affaibli par sa faible efficacité, le G5 n'a jamais obtenu les budgets désirés.