La 18eme édition de la Conférence internationale sur le Sida se termine avec l’annonce de la désignation du nouveau président de la Société internationale du Sida (IAS), qui organise ce rendez-vous biennal. Il s’agit de l’Ougandais Elly Katabira, professeur de médecine à l’Université de Makerere à Kampala.
L'IAS est la plus grande association indépendante de professionnels du sida, avec 14.000 membres dans 190 pays.
Le Dr. Elly Katabira est le premier Africain à accéder à cette position. Il est professeur de médecine à l'Université Makerere de Kampala et spécialiste des soins et du soutien aux personnes vivant avec le VIH.
L'Afrique reste l’épicentre de cette pandémie avec plus de 22 millions d’infections en Afrique subsaharienne, soit 60% des cas dans le monde. Et c’est un chantier auquel le nouveau président de la Société internationale du Sida promet de s’attaquer. «Le fait que je suis originaire d’Afrique subsaharienne et de l’Ouganda ou l’épidémie fait des ravages, me permettra durant mon mandat de tout faire pour qu’on règle ce dossier sida en Afrique subsaharienne. Mais je suis aussi le président du monde, et il y a d’autres problèmes à régler notamment l’accès aux traitements qui touche tout le monde », a déclaré le professeur Katabira lors d’un point de presse avec les journalistes de la VOA.
Elly Katabira à tout suite lancé un appel aux leaders africains: «Nous avons tous des responsabilités, pas seulement pour exiger des pays du G8 et G20 de nous donner plus d’argent, mais nous devons aussi regarder ce qui se passe chez nous et exiger de nos leaders de faire mieux et montrer qu’ils peuvent faire preuve de transparence, a dit le professeur Katabira».
La Conférence de Vienne a été marquée par l’annonce d’un gel vaginal microbicide à base d'antirétorviral qui peut réduire de moitié les risques d’infection. Une bonne nouvelle pour les Africaines : 60% des femmes en Afrique subsaharienne sont infectées. Autre percée les nouveaux principes énoncés par l’Organisation mondiale de la santé pour éradiquer la transmission mère/enfant à travers un dépistage et un traitement précoces.
Même si la question des financements et de la nécessité d’augmenter les fonds pour le combat contre le Sida a dominé les débats, certains estiment que l’agenda n’était pas clair sur la destination de l'argent alloué aux programmes de santé et comment faire respecter l'utilisation de ces fonds.
Au dernier jour de cette conférence, le président américain Barack Obama a voulu rassurer dans un message enregistré :«Nous allons doubler le nombre de bébés nés sans le virus, nous allons travailler à prévenir plus de 12 millions de nouvelles infections, nous allons fournir une aide directe à plus de 4 millions de personnes sous traitement, et aider plus de 12 millions de personnes, dont 5 millions d'enfants et d'orphelins, à obtenir les soins dont ils ont besoin, a dit le président ». Une déclaration qui vient un peu en retard estiment ses détracteurs qui demandent une augmentation de la contribution américaine pour continuer la lutte contre le Sida et qui auraient aimé entendre le président americain pendant les débats sur les financements.
A Vienne, la question de l’accès universel aux traitements et à la prévention, censé aboutir cette année…a été esquivée comme à Mexico en 2008. Alors que 10 millions de personnes dans le monde ont toujours besoin de traitement. Autre faiblesse : les droits et la protection des personnes vulnérables comme les séropositifs, les homosexuels, ou les femmes sont restées en suspens, malgré le choix du thème pour cette 18ème édition.
La société civile a largement profité de ce forum qui devient sa porte d’entrée pour faire entendre sa voix. Et à Vienne, plusieurs délégués, venus des quatre coins du globe, ont crié haut et fort leur frustrations, comme les travailleurs du sexe ou les militants des droits des séropositifs: ils réclamaient notamment le droit à la prévention.
Mais l’impression générale qui se dégage, c’est que ce genre de conférence devient une sorte de G8 où des leaders, des experts, etc. viennent dépenser de l’argent sans vraiment prendre de décisons et les faire appliquer. Il faudra peut-etre changer de casting et donner une part importante aux premiers concernes, les malades du Sida, disent des observateurs. Chaque deux ans: Bill Clinton, Bill Gates sont au rendez-vous, et si ce n'est pas l’artiste Bono de U2, c’est Annie Lennox, ex-Eurythmics. Les mêmes questions sont soulevées, une découverte pour calmer les débats houleux sur les financements, et une fin en queue de poisson.
En 2012, la conférence sur le sida se tiendra à Washington, où le gouvernement americain reste le majeur contributeur dans ce dossier et le plus critiqué.