Plus de deux millions d'Américains évacués en Floride suite à l'ouragan Matthew

Le président Obama dans les quartiers généraux de la FEMA à Washington le 5 octobre 2016. (AP /Susan Walsh)

Plus de deux millions d'Américains ont été sommés d'évacuer le littoral atlantique à l'approche jeudi du dévastateur ouragan Matthew qui a déjà fait près d'une trentaine de morts dans les Caraïbes et dévasté Haïti.

L'ouragan, qui doit s'abattre sur la Floride dans la nuit de jeudi à vendredi, selon le centre américain de surveillance des ouragans (NHC), pourrait se renforcer en catégorie 4 (sur une échelle de 5) à l'approche des côtes américaines.

"C'est le plus puissant ouragan touchant cette zone depuis des décennies", selon le NHC.

"N'allez pas faire du surf, n'allez pas sur les plages. Vous serez tués", a mis en garde jeudi le gouverneur de Floride, Rick Scott, lors d'un point de presse au ton grave.

"Le temps presse", a-t-il souligné, tentant de convaincre les habitants de prendre le danger au sérieux et de se réfugier dès à présent dans les abris le plus possible à l'intérieur des terres.

"Nous espérons le mieux mais nous nous préparons au pire", a-t-il déclaré, en prévenant que les vents pourraient atteindre jusqu'à 240 km/h.

Il a annoncé avoir activé 1.000 membres supplémentaires de la Garde nationale, portant à 2.500 le nombre de militaires prêts à aider aux évacuations et à l'aménagement des abris. Quelque 4.000 membres supplémentaires sont en alerte et peuvent être déployés rapidement.

Le gouverneur a enjoint ses concitoyens à ne pas attendre la dernière minute pour prendre la route et risquer de se retrouver coincés dans des embouteillages ou faute d'essence.

Des habitants défiaient cependant les ordres d'évacuer. Judy Ruscino, 74 ans, explique qu'elle et son mari se sont mis à l'abri dans le garage de leur maison sur la côte. "J'ai un peu peur. Ca ne va pas être beau, mais nous avons du sable, nous avons acheté de la nourriture et la porte du garage est protégée contre les tempêtes", a-t-elle assuré.

Battues par les vents, plusieurs plages et villes de Floride d'ordinaire fréquentées par de nombreux touristes étaient désertées, tandis que les bouteilles d'eau et conserves venaient à manquer sur les étalages de certains supermarchés.

Quatre-vingt-dix pourcents des vols prévus jeudi à Miami ont été annulés, selon les autorités aéportuaires.

Habituée aux tempêtes tropicales, la Floride se préparait frénétiquement: distribution de sacs de sable, péages levés et ouverture de refuges pour les centaines de milliers de personnes évacuées.

La puissance dévastatrice de Matthew balaye pour le moment le centre de l'archipel des Bahamas où les aéroports ont été fermés, les bateaux de croisière touristique déroutés et les habitants, sommés par les autorités de gagner les hauteurs des îles, par peur de la montée des eaux.

Avec des vents de 205 km/h et des rafales encore plus fortes, la dépression se trouvait à 12H00 GMT à 45 km au sud-ouest de Nassau et à 350 km au sud-est de West Palm Beach, une station balnéaire à une centaine de kilomètres au nord de Miami, selon le dernier bulletin du NHC.

Les eaux pourraient monter jusqu'à 3 mètres, et il y a "un risque d'inondations meurtrières ces 36 prochaines heures le long des côtes est de Floride et de Géorgie", selon les météorologues.

Le président Barack Obama a averti mercredi qu'il s'agissait d'une "tempête sérieuse", appelant les Américains à la vigilance.

Les gouverneurs de plusieurs Etats menacés ont décrété l'état d'urgence.

L'armée américaine a mis à l'abri plusieurs navires et avions.

Au nord de la Floride, en Caroline du Sud, déjà frappée en 2015 par de graves inondations, plus d'un million de personnes vivant près des côtes ont reçu l'ordre de se réfugier dès mercredi à l'intérieur des terres.

Avec AFP