Cette Conférence "historique", qui est chargée de discuter uniquement des garanties de sécurité d'une île de Chypre réunifiée, a été convoquée à l'issue de trois jours d'intenses négociations entre les dirigeants des deux communautés chypriotes sous l'égide de l'ONU.
La Grèce, la Turquie et la Grande-Bretagne, "garants" actuels de la sécurité de Chypre, ont dépêché à Genève leur ministre des Affaires étrangères, Nikos Kotzias, Mevlut Cavusoglu et Boris Johnson.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, et la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, sont également présents au Palais des Nations, siège européen de l'ONU, car la République de Chypre (partie sud) est membre de l'Union européenne depuis 2004.
Premier échange de cartes
Les Chypriotes turcs habitent eux dans la partie nord de l'île, où une République turque de Chypre du Nord (RTCN), reconnue uniquement par Ankara, a été autoproclamée après l'échec d'un coup d'Etat visant à rattacher Chypre à "la Grèce des colonels" en 1974 et l'invasion de l'armée turque au nord.
Depuis, des Casques bleus de l'ONU contrôlent la "ligne verte", une zone tampon démilitarisée séparant les deux communautés.
Mercredi soir, au dernier jour des négociations intrachypriotes qui avaient débuté lundi, le président chypriote grec Nicos Anastasiades et le dirigeant chypriote turc Mustafa Akinci ont pour la première fois échangé des cartes sur leur vision du futur Etat fédéré.
Ces documents ont été confiés au médiateur de l'ONU, le Norvégien Espen Barth Eide, qui a précisé qu'ils seraient conservés dans un coffre à l'ONU.
Bien que largement minoritaires, les Chypriotes turcs contrôlent actuellement 37% de l'île. Selon les médias chypriotes, la partie grecque serait disposée à leur accorder 28,2% du futur Etat, alors que la partie turque en réclamerait 29,2%.
Le porte-parole du gouvernement chypriote-grec, Nikos Christodoulides, a déclaré que la carte présentée par la partie turque restait dans la limite des 29,2%. "Mais il y a des parties et des aspects qui ne nous satisfont pas, en d'autres termes, ce n'est pas satisfaisant en tant que résultat final", a-t-il ajouté.
Il a toutefois jugé "positif" ce premier échange de cartes depuis le début du conflit et annoncé que "les négociations vont continuer" à une date qui n'a pas encore été fixée.
Présence militaire
Le porte-parole a insisté sur le fait que la Conférence doit aborder "exclusivement les garanties de sécurité", pas les "questions intérieures" telles que la restitution des propriétés spoliées, le découpage territorial ou la gouvernance du futur Etat.
Le président chypriote-grec réclame le départ des quelque 30.000 soldats turcs stationnés dans la partie nord de l'île, mais le dirigeant chypriote-turc, tout comme Ankara, souhaite leur maintien pour protéger sa communauté.
La Grande-Bretagne, ex-puissance coloniale, possède également des bases militaires dans la partie sud de l'île. Lors de précédentes négociations, Londres avait offert de restituer 49% (117 km2) du territoire occupé par ses bases.
Dans son discours à la Conférence, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a réclamé "une solution complète qui garantit l'égalité, les droits légitimes et la sécurité de la partie chypriote-turque".
"Etant donné les circonstances dans notre région, il est nécessaire de maintenir les règles de Garanties et de Sécurité qui constituent les bases fondamentales de la sécurité et de la stabilité de l'île depuis 43 ans", a-t-il insisté.
La Grèce, elle, veut "la fin du régime anachronique des garanties" de sécurité et le départ à terme de toutes les troupes turques.
A son arrivée à Genève, Boris Johnson a déclaré que son pays était prêt à aider "de toutes les façons possibles" à trouver une solution au conflit chypriote.
Avec AFP