Ouverture de la campagne pour le référendum constitutionnel en Mauritanie

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz parle lors d'un session à Khartoum, Soudan, le 10 octobre 2016.

Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a lancé dans la nuit de jeudi à vendredi la campagne pour le référendum constitutionnel du 5 août, boycotté par l'opposition radicale.

"Votre présence massive constitue un message à ceux qui ne veulent pas que le pays avance", a lancé le chef de l'Etat devant une foule surchauffée dans un stade archicomble de la périphérie de Nouakchott, a constaté le correspondant de l'AFP.

L'opposition dite radicale, regroupée au sein d'une alliance de plusieurs partis et mouvements, fait campagne pour un "boycott actif de cette mascarade sans objet et dont les desseins cachés sont évidents", selon un communiqué de cette coalition.

M. Ould Abdel Aziz, qui a appelé à un "oui massif", a promis de se rendre dans toutes les capitales régionales pour "répondre à tous ces mensonges et mystifications développés sur la place publique" par les opposants au projet.

Il a insisté sur la disposition supprimant le Sénat "qui a fait tant de mal au peuple mauritanien", manifestant ainsi son irritation envers les sénateurs, qui ont bloqué l'adoption au Parlement de la nouvelle Constitution, et bloqué depuis plusieurs mois le vote des lois, dont le budget de l'Etat.

L'opposition, qui continue meetings et manifestations dans tout le pays pour le boycottage du scrutin, ne pourra pas pour cette raison bénéficier du temps d'antenne accordé aux parties prenantes, a affirmé à l'AFP un responsable de la Haute autorité de la presse et l'audiovisuel (HAPA).

Près d'1,4 million de Mauritaniens sont appelés à se prononcer sur ces changements constitutionnels pour lesquels deux urnes sont prévues: l'une pour les principaux amendements et l'autre pour la modification du drapeau national, selon la Commission électorale.

Cette séparation a été introduite à la demande de certaines franges de l'opposition modérée, qui rejette le changement du drapeau, selon des sources politiques.

Cette révision a été adoptée le 9 mars par les députés, mais rejetée neuf jours plus tard par les sénateurs, pourtant majoritairement favorables au pouvoir.

La décision du chef de l'Etat de passer outre au rejet du projet par la voie parlementaire en le soumettant à référendum a provoqué la controverse dans le pays, l'opposition et des constitutionnalistes contestant la légalité de cette procédure.

Le projet de révision a été élaboré lors d'un dialogue en septembre-octobre entre le pouvoir et l'opposition dite modérée, qui appellent à voter oui.

Outre la suppression du Sénat, qui serait remplacé par des Conseils régionaux élus, le projet prévoit celle de la Haute cour de justice, du médiateur de la République et du Haut conseil islamique.

Il propose également d'ajouter sur le drapeau deux bandes rouges, symbolisant le sang versé par les "martyrs de la résistance" à la colonisation française.