Ouverture du procès de Bourbon et de huit de ses dirigeants pour soupçons de corruption en Afrique

Une photo prise le 18 mars 2019 au palais de justice de Marseille montre les dossiers de l'affaire Bourbon, une entreprise qui fournit des services aux compagnies pétrolières, après l'ouverture du procès.

Le procès du groupe français Bourbon, spécialisé dans les services maritimes à l'industrie pétrolière, et de huit de ses dirigeants poursuivis pour une vaste affaire de "corruption" d'agents du fisc en Afrique, s'est ouvert lundi à Marseille.

A peine une heure après l'ouverture des débats, la présidente a toutefois annoncé une suspension d'audience de quelques heures, pour des questions de procédure.

L'enjeu est de taille pour la société cotée en Bourse, poursuivie pour "corruption active d'agents publics étrangers" en tant que personne morale.

A l'annonce de leurs noms, les huit prévenus, âgés de 47 à 61 ans, se sont alignés sur le banc. Au milieu d'eux, nerveux, Marc Cherqui, directeur financier par qui l'affaire a éclaté.

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Le 19 octobre 2012, de retour d'un voyage d'affaires au Nigeria, M. Cherqui atterrit à l'aéroport de Marseille-Marignane mais n'arrive pas à remettre la main sur son bagage dont il s'empresse de déclarer la perte. Et pour cause : la valise, qui a été retrouvée et a été confiée aux douanes, contient, rangés en liasses de 100 dollars, quelque 250.000 dollars.

L'enquête va mettre au jour un vaste système de corruption: l'accusation pointe "une volonté assumée" par le groupe, qui pèse 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires et "qui ne paye aucun impôt en France", de se soustraire au paiement des impôts "légitimement dus" au Nigeria, en Guinée équatoriale et au Cameroun, en soudoyant des agents de recouvrement, pour un montant total estimé en 2011 et 2012 à environ 3 millions de dollars.

Avant que ne débute l'audience, l'ancien salarié, poursuivi avec quatre autres cadres pour "complicité de corruption", s'était isolé de ses supérieurs hiérarchiques.

"J'ai agi sur ordre, je n'étais pas un négociateur", a assuré auprès des journalistes Marc Cherqui, souhaitant que le procès se tienne "pour retrouver une vie normale". "Bourbon m'a mis à genou, il a sali mon nom et pris pour bouc émissaire", a affirmé le directeur financier.

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M. Cherqui a agi "pour son compte personnel", a de son côté estimé auprès de l'AFP l'avocat de Bourbon Me Ludovic Malgrain, arguant qu'il n'y avait pas eu d'argent sorti de Bourbon ni d'aucune de ses filiales.

Pour l'entreprise aux 8.400 employés durement touchée par la chute des cours du pétrole il y a quatre ans, le procès "tombe au plus mal" et pourrait mettre à mal ses relations avec ses partenaires internationaux, reconnaît l'avocat.

Le fond du dossier devrait être abordé mardi si le procès, prévu jusqu'au 27 mars, a bien lieu.