Patrice-Edouard Ngaïssona, 52 ans, ancien ministre centrafricain des Sports, et Alfred Yekatom, 44 ans, surnommé "Rambo", sont jugés pour des crimes présumés perpétrés en République centrafricaine lors de la guerre civile entre 2013 et 2014.
Ils sont accusés de meurtre, viol, torture, transfert forcé des populations, persécution et autres infractions pénales.
Le procès, diffusé en direct sur le site web de la CPI, a débuté par la lecture des charges retenues à l'encontre des accusés. Tous les deux ont plaidé non coupable des accusations qui pèsent contre eux.
Lire aussi : Les ex-chefs de milice en Centrafrique Ngaïssona et Yekatom comparaîtront ensemble devant la CPILa CPI avait déterminé en décembre 2019 qu'il existait suffisamment de preuves pour ouvrir un procès afin de juger ces deux anciens chefs présumés de milices anti-Balaka.
Les audiences se poursuivront jusqu'au 18 février, avec les déclarations liminaires du procureur, celles de la défense de M. Ngaïssona, représenté par le Conseil principal Maître Geert-Jan Knoops et son équipe et celles des représentants légaux communs des victimes.
Ces dernières sont représentées par six avocats: Dmytro Suprun, Paolina Massida, Abdou Dangabo Moussa, Elisabeth Rabesandratana, Yaré Fall et Marie-Edith Douzima-Lawson.
La Défense de M. Yekatom, assurée par par le conseil principal Mylène Dimitri et et son équipe, fera ses déclarations liminaires au début de la présentation des preuves.
Le premier substitut du procureur, M. Kweku Vanderpuye, a lu ses déclarations liminaires à l'ouverture du procès mardi.
L'accusation commencera à présenter ses preuves et à citer ses témoins devant les juges le 15 mars 2021, à la reprise du procès.
Lire aussi : Première comparution de l'ex-chef de milice centrafricain Yekatom vendrediLa Chambre de première instance V, chargée de l’affaire, est composée du juge Bertram Schmitt (juge président), du juge Péter Kovács et du juge Chang-ho Chung.
Certains participants à l'audience y ont pris part par vidéo à cause des restrictions liées au coronavirus. La galerie publique n’était également accessible qu’à un nombre limité de journalistes, de la communauté diplomatique et du public.
Ex-chefs des milices anti-balaka
Alfred Yekatom, alias Rambo, avait été transféré à la CPI en 2018 et sa première comparution a eu lieu le 23 novembre 2018. C’est le premier transfèrement vers la Cour pénale internationale (CPI) depuis l’ouverture de l’enquête sur la Centrafrique en septembre 2014.
M. Yekatom, député et ancien caporal-chef de l’armée centrafricaine, aurait assumé le commandement d'un groupe "d’environ 3.000" combattants anti-Balaka, selon la CPI.
Lire aussi : Un député tire en l'air en pleine séance à l'Assemblée en CentrafriqueL'accusation affirme que sa faction, comme les autres milices anti-Balaka, s’était formée après 2012 quand la coalition à majorité musulmane de la Séléka a entamé sa campagne meurtrière depuis le nord du pays vers Bangui, la capitale, et renversé le président François Bozizé.
Son co-accusé, Patrice-Edouard Ngaïssona, avait été arrêté par les autorités françaises le 12 décembre 2018 et transféré à la CPI en janvier 2019, à l'issue des procédures nécessaires. Un mandat d'arrêt à son encontre avait été délivré le 7 décembre 2018. Il était à l’époque président de la Fédération centrafricaine de football et membre du comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF). Fin novembre, la FIFA l’avait interdit "de toute activité liée au football" pour au moins six ans.
Bien avant, M. Ngaïssona avait été ministre des Sports sous la présidence de François Bozizé et avait été député, assumant notamment les charges de premier questeur à l’Assemblée nationale et de vice-président de la commission des finances.
Et il visait plus haut, mais sa candidature à l'élection présidentielle en 2015 avait été rejetée, provoquant barricades et échauffourées dans des quartiers de Bangui.
Son arrestation est intervenue quelques semaines seulement après la remise à la CPI d’Alfred Yekatom, alias Rambo.
Il y a presque deux ans, le 20 février 2019, la Chambre préliminaire II avait décidé de joindre les deux affaires.
Lire aussi : Demande de remise à la CPI d'un ex-milicien centrafricain: décision française le 31 décembreMM. Yekatom et Ngaïssona sont actuellement détenus par la Cour.
Créées en 2013 après la prise du pouvoir à Bangui par les rebelles de la coalition de la Séléka, les milices anti-Balaka ont pris les armes en assurant défendre les intérêts des chrétiens face aux exactions des groupes armés musulmans.
A la chute du président Michel Djotodia considéré proche de la Séléka en 2014, les anti-Balaka se sont lancés dans une chasse aux musulmans dans Bangui et ses environs, faisant des centaines de morts.
Selon la CPI, il y a des "motifs raisonnables" de croire qu’une "attaque généralisée et systématique" a été perpétrée par les anti-Balaka contre la population civile musulmane et quiconque semblait soutenir la Séléka.
Lire aussi : Présidentielle centrafricaine: Touadéra favori dans un pays en guerre civile