Le pape François débute son voyage en Afrique avec pour priorités la paix et la justice sociale

Le pape François monte dans l'avion, direction Nairobi, le 25 novembre 2015. (AP Photo/Gregorio Borgia)

Justice sociale, protection de l'environnement, paix et dialogue interreligieux : voilà les grandes causes pour lesquelles François va plaider au cours de son voyage en Afrique, dès mercredi.

Le pape François a quitté Rome mercredi matin à destination de Nairobi pour son premier voyage en Afrique, où il plaidera pour quatre priorités clairement marquées dans son programme: justice sociale, protection de l'environnement, paix et dialogue interreligieux.

Parti de Rome peu avant 08H00 (07H00 GMT), l'avion papal était attendu vers 17H00 (14H00 GMT) à Nairobi, où d'immenses panneaux lui souhaitent la bienvenue en swahili, "Karibu papa Francis", mais aussi en latin, "Grata Franciscus pontifex" et où des foules importantes étaient attendues du passage du cortège.

Saluant rapidement les journalistes dans l'avion, le pape, apparemment détendu, a espéré que son voyage porte des fruits "tant spirituels que matériels" pour les peuples du Kenya, de l'Ouganda et de la Centrafrique.

A un journaliste lui demandant s'il était nerveux avant ce voyage sur lequel plane la menace d'attaques terroristes, le pontife argentin, qui n'a encore jamais mis le pied de sa vie en Afrique, a répondu en souriant: "A vrai dire j'ai davantage peur des moustiques!".

Les autorités ont déployé quelque 10.000 hommes dans la capitale du Kenya, mais redoutent surtout les conséquences des pluies torrentielles qui s'abattent actuellement sur le pays, alors que les infrastructures sont mal adaptées à ces précipitations et que nombre de rendez-vous du pape sont prévus à l'extérieur.

A 78 ans, Jorge Bergoglio prononcera 19 discours à Nairobi, Kampala et enfin Bangui, toujours en proie à des violences intercommunautaires meurtrières. Les services de sécurité français ont déconseillé cette ultime étape en Centrafrique prévue les 29 et 30 novembre.

Mais le pontife argentin, au tempérament obstiné, ne changera son programme que si des menaces précises pesaient sur les foules, selon ses conseillers. Et dans chacune des trois capitales, il fera comme à son habitude plusieurs trajets en papamobile découverte, au contact de la foule.

Justice sociale, environnement et dialogue interreligieux devraient être au centre de son étape kényane, un pays dont un tiers de la population est catholique.

"Prière et réflexion"

A Nairobi, le pape sera reçu par le président Uhuru Kenyatta, en présence de toute la classe dirigeante. Ce sera pour François l'occasion d'un premier discours, en anglais, dans lequel il devrait dénoncer la corruption et l'écart entre riches et pauvres, maux endémiques du Kenya.

Jeudi, décrété journée nationale fériée "de prière et de réflexion" au Kenya, il présidera une rencontre oecuménique et interreligieuse, dans un pays comptant de nombreux musulmans et protestants, avant de se rendre au siège de l'agence de l'ONU pour l'environnement pour évoquer les enjeux de la conférence de Paris sur le climat (COP21), qui s'ouvre lundi.

Pour Jorge Bergoglio, qui a consacré au printemps une encyclique sur la protection de la planète, tout est lié: dégradation climatique, gaspillage, corruption, rejet des pauvres, migrations, guerres...

Comme pour illustrer son propos, il doit se rendre vendredi dans le bidonville de Kangemi, en périphérie de Nairobi, où il s'adressera aux "mouvements populaires", chrétiens et non chrétiens, pour leur recommander d'organiser ensemble la défense pacifique des pauvres contre toutes les formes d'exploitation.

Le Kenya et l'Ouganda, qui fournissent un contingent militaire à la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom), sont des cibles privilégiées des islamistes somaliens shebab liés à Al-Qaïda.

Au sanctuaire de Namugongo, près de Kampala, où le pape doit célébrer une messe samedi, un journaliste de l'AFP a vu se déployer des colonnes militaires, dont des forces spéciales.

La tension risque d'être encore plus vive à Bangui, sous la surveillance de la Minusca, la force de l'ONU, et du contingent français Sangaris.

Mais Jorge Bergoglio tient à cette étape où il a prévu une rencontre avec les réfugiés, la visite d'une mosquée dans un quartier exposé, une messe dans un stade et une cérémonie à la cathédrale, où il ouvrira "une porte sainte": un geste symbolique précédant de dix jours l'ouverture solennelle du Jubilé de la miséricorde à Rome.

Dans l'avion mercredi, François a déclaré qu'il y avait "une raison particulière pour laquelle il avait choisi la Centrafrique", mais qu'il ne la révèlerait que lors de sa traditionnelle conférence lors du vol du retour, prévu lundi.

AFP