Ce statut de protection temporaire (TPS), qui permet de travailler légalement sans titre de séjour, avait été instauré en mars 2001 à la suite de l'arrivée massive de réfugiés après deux tremblements de terre dévastateurs.
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"Les conditions initiales causées par les séismes de 2001 n'existent plus", a expliqué dans un communiqué le DHS, qui a donné dix-huit mois, jusqu'en septembre 2019, aux bénéficiaires pour "préparer leur départ ou demander un autre statut légal d'immigration".
Ce délai doit aussi permettre au Congrès de "légiférer sur une solution permanente", a souligné le DHS.
Selon lui, "beaucoup de projets de reconstruction ont été achevés. Les écoles et les hôpitaux endommagés par les séismes ont été reconstruits et réparés, les maisons ont été rebâties et de l'argent a été fourni" pour remettre en service les routes et le réseau sanitaire.
L'administration salvadorienne a estimé dans un communiqué que "cette décision est une reconnaissance de l'apport de nos compatriotes qui bénéficient (du TPS), car ils représentent une main-d'oeuvre importante pour ce pays".
"Le gouvernement du Salvador remercie le gouvernement des Etats-Unis pour cette annonce, qui réaffirme les solides liens d'amitié et de coopération qu'entretiennent (les deux pays), alliés historiques", a ajouté la présidence salvadorienne, remerciant également du délai de dix-mois accordé.
L'administration Trump a déjà annoncé l'abrogation du TPS pour près de 60.000 Haïtiens, plus de 5.000 Nicaraguayens et un millier de Soudanais. Le dispositif a toutefois été prolongé jusqu'en juillet pour 57.000 Honduriens, dont le pays d'origine est depuis plusieurs mois la proie de violences après la réélection contestée du président Juan Orlando Hernandez.
"Expulser des centaines de milliers de personnes résidant aux Etats-Unis vers le pays le plus dangereux du monde occidental n'est pas qu'un affront aux valeurs américaines mais un acte qui s'apparente à un homicide" quand le Salvador fait face à la pauvreté et à une criminalité endémique avec notamment le groupe ultra-violent MS-13, a accusé Hector Figueroa, responsable d'un des principaux syndicats représentant les immigrés.
"Mettre fin au TPS pour le Salvador va bouleverser la vie de 200.000 personnes et de leurs 190.000 enfants nés aux Etats-Unis, forçant les familles à un +choix de Sophie+ inadmissible", a-t-il ajouté.
La sénatrice démocrate du Nevada Catherine Cortez Masto a fustigé "un président anti-immigrés qui tourne le dos à des familles qui travaillent dur". M. Trump "utilise les immigrants comme des boucs émissaires", a-t-elle dit, appelant le Congrès à "trouver une solution pérenne pour les bénéficiaires du TPS qui perdent leur statut".
"Ils travaillent, soutiennent leur famille et paient des impôts", a relevé John Boardman, du syndicat Unite Here.
Selon le Centre d'étude des migrations, les Salvadoriens sont bien intégrés dans la société américaine avec un taux d'emploi de 88%. Ils résident en majorité en Californie, au Texas et autour de la capitale fédérale Washington.
La lutte contre l'immigration clandestine et l'expulsion des résidents illégaux est l'un des chevaux de bataille de Donald Trump, qui veut réformer un système "laxiste" permettant "à beaucoup trop de gens dangereux" d'entrer aux Etats-Unis.
Dès son entrée en fonctions en janvier 2016, il a signé un décret interdisant de façon permanente le franchissement des frontières américaines aux ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane.
Ce décret a fait l'objet d'une intense bataille judiciaire. La troisième version du texte vise les habitants de sept pays (Yémen, Syrie, Libye, Iran, Somalie, Corée du Nord et Tchad).
Après l'attentat de New York perpétré par un Ouzbek le 31 octobre, le milliardaire a annoncé la fin du Programme de loterie de visas de diversité, un tirage au sort qui offrait chaque année un permis de résidence (carte verte) à 50.000 étrangers. Il veut également supprimer le regroupement familial.
Et il a mis dans la balance le sort de 690.000 jeunes arrivés clandestinement avec leurs parents alors qu'ils étaient enfants, qui ont obtenu de l'administration Obama un permis de travail et une garantie qu'ils ne seraient pas expulsés. M. Trump espère monnayer le maintien de ce programme, baptisé Daca, avec l'opposition démocrate en échange du financement de son projet de mur à la frontière du Mexique, une promesse de campagne.
Avec AFP