Cette organisation distribuait depuis août 2017, de fortes sommes d’argent aux souscripteurs, à condition de déposer une caution 12.500 francs CFA dans ses caisses. En retour, ceux-ci recevaient au bout d’une semaine 65.000 francs CFA, en plus d’une formation en secourisme, entre autres.
Plus de 6.000 personnes ont été attirées par l’affaire et sont aujourd’hui anxieuses de récupérer leur argent.
Escroquerie par appel public, existence illégale, usurpation de fonctions, usurpation de fonctions. Tels sont les motifs évoqués par le préfet de la ville de Yaoundé pour mettre un terme aux activités de la mission d’intégration pour le développement.
Depuis lors, Serge Romuald Biayé, souscripteur, est un jeune homme désemparé.
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"Je me retrouve aujourd’hui avec cinq millions de francs CFA investis, et j’attends 24 millions de francs que ça devait rapporter. Et ça a été coupé comme ça. Je comptais déjà faire beaucoup de choses, construire ma maison par exemple", se lamente Serge Romuald.
Le jeune homme attendait ces millions du Mida pour financer entre autres son projet d’aviculture et d’élevage de volailles.
Pius Adjessa qui habite à quelques mètres du siège du Mida, au quartier Ahala, à Yaoundé, avait misé 1 million et demi en quatre mois, pour un gain espéré de 6 millions de francs CFA.
Le pactole ne viendra pas de sitôt. Il accuse l’Etat d’avoir failli à ses devoirs dans cette affaire.
"C’est vrai que l’Etat est dans son droit de contrôler toutes les activités qui se déroulent sur l’ensemble du territoire national. Mais pourquoi attendre tant de mois avant d’agir ? ", s’interroge M. Adjessa.
L’Etat aurait dû, selon lui, "mener des enquêtes préalables sur la moralité des promoteurs du Mida. En plus, si les jeunes camerounais ont été embarqués dans cette affaire, c’est parce qu’ils recherchent des financements", ajoute M. Adjessa. Il confie par ailleurs à VOA Afrique, qu’il a perdu le sommeil.
Le désarroi est encore plus grand au sein la famille Ekoundi. La plus âgée ne cesse de couler des larmes.
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Dans cette famille modeste de 8 personnes, toutes ont misé des millions de francs Cfa. Ce d’autant plus que le siège du Mida est situé à deux pas de leur domicile familial. Julie est, cependant, la plus affectée de tous.
"J’ai misé 4 millions 500.000 francs CFA. Et je devais recevoir 20 millions de francs CFA. J’avais bel et bien été payée trois fois déjà. Puis j’ai injecté tout cet argent dans les caisses du Mida. Alors que je m’apprêtais à recevoir mon paiement, le gouvernement suspend tout", se plaint l’aînée de la famille.
Julie est célibataire avec trois enfants à sa charge. Elle est "une pauvre commerçante", assure-t-elle. Et elle supplie le président de la République de lui venir en aide.
Des heurts entre souscripteurs, forces l’ordre et de sécurité ont embrasé la situation quatre jours après la pose des scellés sur le bâtiment du Mida.
Ceci a conduit les autorités administratives à placer le quartier Ahala sous surveillance policière.
Dès lors, toutes les issues sont quadrillées. Même les riverains doivent montrer patte blanche pour accéder dans le périmètre du Mida.
Les gendarmes protègent le siège du Mida où l’accès est désormais interdit.
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Aucune autre réaction des autorités à la préfecture de Yaoundé et au ministère de la Communication. La présidence de la République a cependant prescrit le dédommagement de toutes les personnes ayant souscrit aux activités du Mida.
Son promoteur est encore gardé dans une compagnie de gendarmerie à Yaoundé.
Plus de deux milliards de francs CFA ont été recueilli par le Mida, pour le seul mois de février 2018.