Des femmes et des enfants n’hésitent pas à se rendre au lac Kivu et à la rivière Ruzizi pour chercher cette denrée indispensable. Les autorités peinent d’ailleurs à maitriser ces conditions à Bukavu.
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Avec cette pénurie d’eau très sévère, les femmes et enfants dans plusieurs familles se privent de sommeil et veillent presque toute la nuit pour attendre si l’eau va couler.
Une attente qui se solde à 85 % par l’échec.
" Les quartiers populaires tout comme ceux résidentiels de Bukavu manquent d’eau de façon régulière ", déplore ici Fernando Wa Nkana, coordonnateur de l’ONG Solidarité des hommes.
Tôt le matin et souvent le soir, l’on aperçoit ça et là sur les artères de la ville, des habitants qui trimballent "à qui mieux mieux " des bidons jaunes à la recherche de l’eau.
Les plus nantis remplissent leurs véhicules de récipients d’eau et font le tour de la ville passant d'une commune à l'autre pour chercher l'eau dans les quartiers des 3 communes de Bukavu.
"Je ne reconnais pas ma ville. Le niveau de dégradation est tel que Bukavu est devenue un désert, Bukavu est dans le noir. C'est vraiment une interpellation pour les dirigeants, " constate Kizito Mushizi, député national élu de Bukavu.
Des bornes fontaines sont devenues des bouées de sauvetage pour toute une population urbaine en détresse. Il faut tout de même attendre entre 4 et 6 heures avant d’être servi en eau.
"L’eau du lac Kivu et de la rivière Ruzizi est souillée. Les riverains y font la lessive et la vaisselle mais elle est directement puisée par d’autres pour usage domestique et de cuisson, " se plaint Solange Lwashiga du caucus des femmes du Sud-Kivu pour la paix.
Pour la Régie de distribution d’eau (REGIDESO) qui dessert la ville, cette pénurie est liée à la saison sèche qui fait baisser sensiblement le niveau de la rivière Murundu.
La population ne l’entend pas de cette oreille-là. Le 1er septembre, une coalition de militants de LUCHA, Réveil des indignés, S40, et Amka Congo ont observé un sit-in devant le siège provinciale de la REGIDESO pour réclamer de l’eau à Bukavu.
Avec la montée en flèche du choléra dans la ville, le gouvernement provincial du Sud-Kivu en collaboration avec l’UNICEF a même placé des poches d’eau BLADDER d’une capacité de dix milles litres dans certains coins de Bukavu mais sans résorber le besoin.
En moins de deux heures, ces poches d’eau sont vidées de leur contenu.
Avec la saison de pluie qui pointe à l’horizon, plus d’un Bukavien déjà asphyxié caresse l’idée de voir l’eau à nouveau couler.
Reportage d’Ernest Muhero à Bukavu pour VAO Afrique