Des groupes de jeunes ont perturbé le processus de vote, saccagé ou emporté du matériel électoral dans plusieurs villes du pays: à Yopougon et Marcory, deux quartiers populaires, d'Abidjan, à Gagnoa (270 km à l'ouest d'Abidjan et fief électoral de l'ancien président Laurent Gbagbo), à Divo (70 km de Gagnoa) à Daloa (380 km nord-ouest d'Abidjan), à Dabou (50 km d'Abidjan).
Le ministre de l'Intérieur, Hamed Bakayoko, a parlé d'incidents dans une "centaine de bureaux de votes (20.000 au total)", mais a assuré que les "choses se (déroulaient) bien dans l'ensemble".
L'opposition a appelé au boycottage du scrutin, reprochant au pouvoir de ne pas avoir consulté ni l'opposition ni la société civile, ainsi que de vouloir faire passer le projet "à la sauvette" avec une campagne de sept jours et une diffusion faible d'un texte qu'elle qualifie de "monarchique "et "rétrograde".
A Yopougon, grand quartier populaire de l'Ouest d'Abidjan, réputé pro-opposition, une cinquantaine de jeunes ont bloqué une rue avant que trois d'entre vandalisent les 9 bureaux de l'école Sicogi II Marché.
Incendie criminel
"Ils ont commencé à lancer des pierres (...) Puis ils sont entrés, ils ont tout cassé... Ils nous disaient d'arrêter de travailler +parce que la Constitution ne repondait pas aux attentes du peuple, que le président travaillait pour les Français", raconte à l'AFP Nandy Bamba, présidente d'un bureau.
"C'est une manière d'intimider mais nous on n'a pas peur", a affirmé Bahdjata Cissé, commerçante, qui a voté "Oui".
A Marcory, des individus ont fait brûler des pneus dans une salle de classe espérant empêcher le vote.
L'issue du vote de dimanche ne fait de toute façon guère de doute, le taux de participation étant le principal enjeu de ce scrutin.
En août 2000, six mois après le coup d'Etat de Noël 1999, la deuxième Constitution ivoirienne avait recueilli 87% de "oui" pour un taux de participation de 56%.
L'opposition, qui juge en outre le texte soumis au vote dimanche "rétrograde" et "monarchique", et certains observateurs, estiment qu'il faut que le pouvoir actuel obtienne au moins le même score pour que le nouveau texte soit légitime.
"Voter est un devoir citoyen", a estimédimanche le président ivoirien Alassane Ouattara après avoir voté à l'école Sainte-Marie d'Abidjan. "Tourner la page de la crise née de la Constitution de 2000 est quelque chose d'essentiel pour le futur de notre nation", a-t-il ajouté.
"Nous nous attendons à ce que les populations sortent nombreuses pour voter massivement le +oui+", a pour sa part déclaré l'ancien président Henri Konan Bédié, principal allié électoral de M. Ouattara.
'Pour mes enfants'
"Je fais ça (voter) pour mes enfants", a expliqué à l'AFP Soro Seydou, 61 ans et réparateur de télévision à Bouaké, ancienne capitale de la rébellion de Côte d'Ivoire.
De nombreux bureaux ont ouvert avec du retard en raison de l'absence de membres de commissions électorales ou de matériel. Les bureaux doivent normalement fermer à 18H00. Les résultats devraient être annoncés avant jeudi. Une source au sein de la Commission électorale indépendante tablait sur "lundi en fin de journée, mardi au plus tard".
"Il n'y a pas beaucoup d'engouement", notait avant le scrutin le chercheur Meite Mamoudou, qui pronostique une "forte abstention", soulignant qu'il y a "un fort taux d'illettrisme, donc les gens ont du mal à connaître le texte".
Selon le pouvoir, la nouvelle Constitution évacue notamment le concept d'"ivoirité" en clarifiant les conditions d'éligibilité du président. Ses détracteurs avaient reproché à M. Ouattara son origine burkinabè et contesté son éligibilité (il n'avait pu se présenter que grâce à un décret).
Ce concept d'"ivoirité", qui visait les étrangers, notamment ceux originaires du Burkina Faso voisin a miné la stabilité du pays pendant plus de dix ans.
Ce projet prévoit aussi la création d'un poste de vice-président qui alimente tous les fantasmes. En outre, ce texte crée un Sénat, institutionnalise la Chambre des rois et chefs traditionnels et étend le domaine de compétence du Conseil économique et social à l'environnement.
Avec AFP