Pollution au pétrole au Nigeria : nouvelles plaintes contre Shell à Londres

Pollution au pétrole près de Bodo City, dans le delta du Niger, au Nigeria. (AP Photo/Sunday Alamba, archives)

Les communautés Bille et Ogale, la dernière représentant à elle seule plus de 40 000 personnes, ont porté plainte à Londres contre Shell et réclament des compensations.

La justice britannique devait se pencher mercredi sur de nouvelles plaintes pour pollution dans le delta du Niger contre le géant pétrolier Shell, émises par deux communautés locales qui réclament des compensations.

Une première audience était prévue devant la Haute-Cour de Londres afin de déterminer si la justice britannique était compétente pour examiner les plaintes contre la filiale au Nigeria du groupe pétrolier anglo-néerlandais.

Comme c'était le cas pour de précédentes plaintes au Royaume-Uni mais aussi aux Pays-Bas, Shell estime qu'un éventuel procès contre sa filiale nigériane devrait être organisé au Nigeria où les faits se sont déroulés, et non en Europe.

"Nous pensons que ces plaintes émises par des plaignants nigérians contre une société nigériane sur des faits s'étant déroulés au Nigeria devraient être traitées au Nigeria", a indiqué Shell dans un communiqué.

Mais en décembre dernier, lors d'une décision prise en appel, la justice néerlandaise s'était déclarée compétente pour examiner les plaintes de quatre fermiers et pêcheurs nigérians, accusant Shell d'être responsable de fuites d'oléoducs ayant détruit leurs terres et leurs étangs.

A Londres, ce sont cette fois les communautés Bille et Ogale, la dernière représentant à elle seule plus de 40.000 personnes, qui ont porté plainte. Les deux communautés sont représentées par le cabinet londonien Leigh Day, spécialiste des recours collectifs.

Ce même cabinet avait déjà défendu 15.600 pêcheurs de Bodo, une communauté nigériane touchée par deux importantes fuites de pétrole en 2008. En janvier 2015, au terme d'une bataille juridique de trois ans, Shell avait accepté de leur verser 55 millions de livres (environ 70 millions d'euros) et promis de nettoyer les dégâts.

Premier producteur d'Afrique avec plus de 2 millions de barils par jour, le Nigeria est le théâtre depuis 50 ans d'une exploitation pétrolière extrêmement polluante.

Selon les Amis de la Terre, la pollution pétrolière au Nigeria dans sa totalité est deux fois plus importante que les 5 millions de barils qui avaient été déversés dans le Golfe du Mexique en 2010 suite à la fuite causée par l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon du britannique BP.

Plus grand producteur de pétrole du Nigeria, Shell conteste ce chiffre et assure que la pollution est bien moindre. Il affirme en outre que les fuites résultent de sabotages à grande échelle.

En 2011, une enquête de l'ONU avait conclu que la pollution pétrolière dans l'Ogoniland, la région où vit la communauté Ogale, pourrait nécessiter l'opération de nettoyage la plus vaste jamais entreprise au monde, d'une durée de 25 à 30 ans.

AFP